Des “lignes directrices” sur les implications de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui a conclu que les accords d’association et de libéralisation UE-Maroc ne s’appliquent pas au Sahara occidental, ont été communiquées aux autorités douanières des Etats membres de l’Union, a affirmé mardi le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.
“Ces lignes directrices prévoient qu’en cas de doutes fondés quant à l’origine des marchandises, les autorités douanières doivent procéder à des recherches conformément aux dispositions relatives à la coopération administrative énoncées au titre VI du protocole n 4 à l’Accord d’association UE-Maroc”, a souligné le commissaire européen dans sa réponse à l’eurodéputée Maria Arena qui interpellait la Commission sur les importations dans l’UE des produits marocains et du Sahara occidental suite à l’arrêt de la CJUE, rendu le 21 décembre dernier.
Relevant le statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental par la charte des Nations unies, la CJUE a soutenu dans son arrêt qu'”il est exclu de considérer que l’expression territoire du Royaume du Maroc, qui définit le champ territorial des accords d’association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire”.
La CJUE qui a jugé que le Maroc et le Sahara occidental sont deux territoires distincts, relevant de souverainetés distinctes, a souligné également dans son arrêt qu'”il ne peut y avoir aucune exploitation économique au Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui”.
Selon ce commissaire, l’exécutif européen réfléchit actuellement à la façon “la plus judicieuse” de se conformer à l’arrêt de la Cour européenne de justice en tenant compte “(…) des intérêts du peuple du Sahara occidental”.
La Commission européenne, a-t-il poursuivi, veillera à “maintenir les échanges commerciaux dans un contexte de sécurité juridique”.
En effet, l’exécutif européen pour qui l’arrêt de la CJUE est “contraignant” doit trouver à l’appliquer dans le sens du respect essentiel du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Au début de l’année, un haut diplomate européen affirmait que la décision de la CJUE, qui a conclu dans son arrêt que les accords d’association et de libéralisation entre l’UE et le Maroc ne sont pas applicables au Sahara occidental est “contraignante” pour l’Union et ses Etats membres.
“L’arrêt de la CJUE est contraignant pour l’UE et ses Etats membres. Nous vivons dans un Etat de droit et nous devons respecter toute décision prise par la justice”, a déclaré Nicholas Westcott, directeur exécutif Moyen-Orient et Afrique du Nord au Service européen de l’action extérieure (SEAE) lors d’un échange de vues avec les membres de la Commission des Affaires étrangères (AFET) au Parlement européen.
En clair, l’UE est ses institutions s’attelleront désormais à appliquer la décision de la haute instance juridique de l’Union qui a affirmé que le fait de considérer que le territoire du Sahara occidental relève du champ d’application de l’accord d’association est contraire au principe de droit international.
Début février, le Commissaire européen chargé de l’action pour le climat et de l’énergie, Miguel Arias Canete affirmait que l’UE tiendra désormais compte du statut “distinct et séparé” du territoire du Sahara occidental dans ses échanges avec le Maroc en matière d’énergie renouvelable.
Quelques semaines plus tard, c’était au tour de la commissaire européenne au Commerce, Cécilia Malmstr?m d’affirmer qu'”à l’avenir, la Commission tiendra dûment compte de l’arrêt du 21 décembre 2016 dans tout processus” de négociation avec le Maroc.
Le 19 avril dernier, la Commission européenne a adressé au Conseil une recommandation en vue de la négociation d’un accord sur l’adaptation des protocoles à l’Accord d’association entre l’UE et le Maroc.
Le commissaire Moscovici a rappelé, à ce titre, que “la décision du Conseil concluant l’accord sera soumise à l’approbation du Parlement européen” dont de nombreux membres continuent à dénoncer le silence de l’UE sur le pillage par le Maroc des ressources naturelles du peuple sahraoui.