Des députés et personnalités chiliens ont exprimé leur inquiétude face aux violations marocaines continues des droits humains du peuple sahraoui, soulignant que la décision de Donald Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur la Sahara occidental ne modifie en rien la nature juridique du conflit au Sahara occidental.
Plusieurs députés et personnalités des secteurs public et privé, du monde universitaire et des médias chiliens, ont exprimé au Sénat leur inquiétude face aux récents événements au Sahara occidental après la violation du cessez-le-feu par le Maroc, le 13 novembre, ont rapporté des médias.
En ce sens, dans une lettre adressée à la présidente du Sénat du Chili, Adriana Munoz, les signataires se sont dit “préoccupés par la violation continue des droits de l’Homme du peuple sahraoui dans les territoires occupés par le Maroc. C’est une situation grave qui a fait l’objet de plaintes systématiques de la part des organes internationaux des droits de l’Homme”.
En outre, les députés chiliens qui ont signé la lettre précisent que “le Chili, qui est membre fondateur du Comité spécial pour la décolonisation des Nations Unies (Comité des 24), considère que le Sahara occidental est un territoire non autonome en attente de décolonisation. Pour cette raison, notre pays soutient les initiatives qui permettent de respecter les accords de paix et le plan de règlement, y compris la création de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO)”, ont-ils écrit.
L’ancien responsable des affaires politiques aux Nations unies, Moncef Khan, a affirmé samedi que l’annonce du président américain sortant, Donald Trump, sur la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental “ne changera pas la nature juridique de ce conflit, car il s’agit d’une question de décolonisation inscrite sur les listes de l’ONU”.
M. Khan a assuré, dans une déclaration aux médias, que le conflit Sahara occidental est considéré comme “une question de décolonisation qui est à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies depuis 1960 et du Conseil du sécurité depuis 1975 après l’invasion militaire marocaine qui continue d’occuper certaines parties du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique”.
L’ex- responsable onusien a rappelé, en outre, que le SG de l’ONU, António Guterres, a déclaré le 12 décembre dernier, que la position de l’ONU concernant la question sahraouie “demeure inchangée” et ne dépend pas de la reconnaissance individuelle des pays, mais de la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale de l’ONU et du Conseil de sécurité.
La décision du président américain sortant, Donald Trump, de reconnaître la prétendue souveraineté marocaine sur les territoires du Sahara occidental en échange de la normalisation des relations entre le régime marocain et Israël a suscité la désapprobation de nombreux anciens et actuels hauts responsables américains qui ont critiqué la légèreté de cette décision tout en avertissant contre les effets qu’elle serait susceptible de provoquer.
La dernière réaction en date est celle de l’ancien conseiller à la sécurité nationale à la Maison-Blanche, John Bolton. Selon lui, “la reconnaissance par Trump de la souveraineté marocaine (sur le Sahara occidental) mine dangereusement des décennies d’une politique américaine soigneusement mise au point” affirmant que les Marocains et les Israéliens auraient pu normaliser leurs relations sans pour autant sacrifier le peuple sahraoui.
De son côté, l’ancien secrétaire d’Etat américain, James Baker a qualifié la normalisation des relations entre le Maroc et Israël de “compromis cynique ” qui a ” sacrifié ” le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Il a considéré, en outre, que l’accord de normalisation devait être conclu de ” manière appropriée (…) et non pas en sacrifiant cyniquement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination”.
Le président de la Commission défense du Sénat américain, James Inhofe qui s’est exprimé sur la question le même jour que James Baker, le 11 décembre courant, s’est dit “attristé” et “déçu” par la décision de Trump. Néanmoins, il a souligné qu’une telle démarche ne changeait en rien les positions de la communauté internationale à l’égard du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
“L’annonce de la Maison-Blanche d’aujourd’hui alléguant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental est choquante et profondément décevante. Je suis attristé que les droits du peuple du Sahara occidental aient été troqués”, a déploré l’influent sénateur républicain dans un communiqué.
En ce qui concerne la récente annonce de Trump, les parlementaires chiliens soulignent que “c’est une décision invraisemblable qui, comme l’a justement souligné le secrétaire général des Nations Unies, ne modifie en rien la nature juridique du conflit au Sahara occidental, puisque il reste un territoire autonome en attente de la fin du processus de décolonisation”.
“Notre pays doit contribuer au respect de la légalité internationale et promouvoir auprès des Nations Unies une paix durable au Sahara occidental qui permettra la mise en oeuvre des accords de paix signés entre le Maroc et le Front Polisario sur la base du référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui sous les auspices de l’ONU et de l’Union africaine (UA)”, conclut la lettre adressée par les députés et personnalités chiliennes aux autorités de leur pays.
Source APS