La situation au Mali et le rôle que l’Algérie serait susceptible d’y jouer, le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, la position de l’Algérie par rapport à la question de la normalisation des relations entre l’entité sioniste et certains pays arabes et l’urgente réforme de la Ligue arabe sont les questions internationales évoquées par le président Abdelmadjid Tebboune au cours de l’interview accordée au magazine français Le Point.
Le président Tebboune a assuré que l’Algérie ne laissera jamais le nord du Mali devenir un sanctuaire pour les terroristes, ni permettra une partition du pays, expliquant que “pour régler le problème au nord du (Mali), il faut y redéployer l’Etat”. Il dira, à ce propos, que “via les accords d’Alger, nous sommes là pour aider Bamako”.
Issu de négociations menées à Alger, l’accord de paix et de réconciliation au Mali a été signé, en 2015, entre les autorités maliennes et la coordination des mouvements de l’Azawad.
Interrogé au sujet de l’éventualité d’une intervention militaire algérienne au Mali, le président Tebboune a répondu que la Constitution algérienne autorisait désormais ce type d’intervention ajoutant, néanmoins, que “la solution n’est pas là”.
Le président a estimé que le G5 Sahel regroupant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes dans cette région n’était pas doté de suffisamment de moyens. Il a ajouté que ce groupe “a été créé contre le CEMOC (Comité d’Etat-major opérationnel conjoint NDLR) qui était mieux doté”. Les membres du CEMOC sont l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger.
“Dans ces territoires, certains s’opposent aux avancées de l’Algérie, essentiellement sur le dossier malien. Pour nous, il existe une volonté de saboter les accords d’Alger. Je crois aussi que le G5 ou Barkhane sont des solutions partielles”, a-t-il soutenu.
Concernant la question du Sahara occidental, le président a estimé que le Maroc devrait revenir rapidement à une solution acceptable conforme au droit international.
“Certains croient qu’avec l’ouverture de consulats (à Laâyoune et à Dakhla), le dossier du Sahara occidental est clos, mais ils se trompent. Le Maroc devrait revenir rapidement à une solution acceptable conforme au droit international”, a-t-il soutenu assurant que la reconnaissance par l’ancien président américain de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidentale “ne veut rien dire”.
“Pourquoi les Marocains refusent-ils l’autodétermination? parce qu’ils ont procédé à un changement ethnique (changement de la composante démographique) qui a ses conséquences: les Sahraouis à l’intérieur du Sahara occidental sont aujourd’hui minoritaires par rapport aux Marocains qui s’y sont installés. En cas de vote pour l’autodétermination, les Marocains installés sur le territoire sahraoui vont voter pour l’indépendance parce qu’ils ne voudront plus être les sujets du roi. Il est paradoxal d’avoir une majorité marocaine et de refuser le vote d’autodétermination”, constate-t-il.
Interrogé au sujet des conséquence des tensions qui pèsent sur les relations entre l’Algérie et le Maroc, le président a expliqué que “dans cette relation, le rôle honorable revient à l’Algérie . La rupture avec le Maroc-et je parle de la monarchie, pas du peuple, que nous estimons-remonte à tellement longtemps qu’elle s’est banalisée”.
“Le Maroc a toujours été l’agresseur. Nous n’agressons jamais notre voisin. Nous riposterons si nous sommes attaqués. Mais, je doute que le Maroc s’y essaie, les rapports de force étant ce qu’ils sont”, a-t-il affirmé.
Le Président dira, en outre, que les frontières entre les deux pays resteront fermées. “On ne peut pas ouvrir les frontières avec un vis-à-vis qui vous agresse quotidiennement”, a-t-il dit.
Interrogé au sujet de la normalisation des relations entre l’entité sioniste et certains pays arabes, le président a expliqué que “chaque pays est libre de normaliser ses relations avec Israël, mais l’Algérie ne le fera pas tant qu’il n’y aura pas d’Etat palestinien”. Il a informé, en outre, qu’il n’y avait pas de cohésion au sein de la Ligue arabe et que cette organisation avait besoin d’être réformée totalement.
Sur un autre plan, M. Abdelmadjid Tebboune a expliqué que “le litige entre la Turquie et certains pays arabes est principalement lié au dossier des Frères musulmans”, précisant que l’Algérie entretenait d’excellents rapports avec les Turcs, qui “ont investi près de 5 milliards de dollars en Algérie sans aucune exigence politique en contrepartie. Maintenant, ceux que cette relation dérange n’ont qu’à venir investir chez nous”, a-t-il indiqué.
Source APS