Le Conseil de sécurité de l’ONU va se réunir mercredi pour discuter du conflit au Sahara occidental, sur fond de tensions et de difficultés à nommer un nouvel émissaire onusien, dont les efforts de relancer le processus politique sont torpillés par le Maroc.
Au menu de la réunion du Conseil qui va être présidée par le Vietnam, un exposé de Collin Stewart, le chef de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (MINURSO). Il sera question pour le Conseil de sécurité de discuter des moyens de redynamiser le processus politique en vue de résoudre le conflit au Sahara occidental.
A la lumière des derniers développements au Sahara occidental, la question de nommer un nouvel envoyé personnel du Secrétaire général est devenu “plus pressante”, selon des observateurs.
Le poste est vacant depuis la démission, en mai 2019, de l’ancien président allemand Horst Kohler, après vingt mois d’intense médiation qui l’ont vu insuffler une nouvelle dynamique au processus de paix de l’ONU.
Avec le départ de M. Kohler, le dossier du Sahara occidental aura consommé quatre médiateurs après les deux américains James Baker et Christopher Ross et le hollandais Peter Van Walssun. Au demeurant, l’ancien président allemand n’a pas échappé aux obstacles imposés par le Maroc à son prédécesseur, Christopher Ross, empêché d’accomplir sa mission de médiation.
Entravé dans sa liberté de mouvement, Ross s’était vu refusé l’accès aux interlocuteurs sahraouis dans les territoires illégalement occupés par le Maroc.
Le Maroc a eu déjà à saboter les efforts d’un autre émissaire américain en 2004, en l’occurrence James Baker, dont il a rejeté le plan de paix. Celui-ci maintenait le principe d’autodétermination en exigeant la tenue d’un référendum au terme de cinq années de sa mise en œuvre.
Les Nations unies qui poursuivent tout de même leurs efforts pour nommer un nouvel émissaire pour le Sahara occidental, rencontrent des “difficultés” à trouver le bon profil pour occuper ce poste, a avoué début avril le porte-parole du SG de l’ONU, Stéphane Dujarric.
La Représentation du Front Polisario à l’ONU a réaffirmé vendredi dernier que c’est le Maroc qui entrave la nomination d’un nouvel émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, et qui a aussi rendu “impossibles” toutes les missions des anciens envoyés onusiens pour le territoire occupé en vue de “maintenir le statu quo” dans le dossier sahraoui.
“Quatre envoyés personnels et quinze représentants spéciaux du secrétaire général des Nations unies ont jusqu’à présent été impliqués dans diverses étapes du processus de paix des Nations unies au Sahara occidental. Cependant, le Maroc a réussi, en toute impunité, à transformer ces efforts de médiation en missions impossibles à travers sa procrastination et son obstructionnisme délibéré”, a souligné le Front Polisario dans un communiqué publié à New York.
En septembre dernier, le président de la République sahraouie, Brahim Ghali, avait appelé le Conseil de sécurité à hâter la désignation d’un nouvel envoyé personnel, “animé des mêmes convictions et de la même détermination que son prédécesseur”, a-t-il dit, faisant référence à Horst Kolher.
De nombreux pays et organisations internationales à travers le monde n’ont eu de cesse d’appeler à accélérer la nomination d’un nouvel envoyé personnel.
“Un nouveau cadre” pour les négociations
Dans une récente déclaration, le représentant du Front Polisario en charge de l’Europe et auprès de l’Union européenne, Oubi Bouchraya Bachir, a averti que les membres du Conseil de sécurité “n’ont rien fait depuis le 13 novembre, surtout après la rupture totale du cessez-le-feu et l’échec du plan de règlement onusien”.
Désormais, il y a nécessité d’”une vision profonde du Conseil d’élaborer un nouveau cadre plus sérieux pour les négociations entre le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD)”, a-t-il soutenu.
Le diplomate sahraouie a rappelé, que “le Front Polisario reste attaché au choix d’une solution juste et pacifique basée sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, la liberté et l’indépendance, et qu’il est disposé à coopérer dans le cadre de la feuille de route établie par l’Union africaine (UA) et son Conseil de paix et de sécurité (CPS)”.
Le CPS a pris une décision, le 9 mars dernier, dans laquelle il a remis la question sahraouie dans son véritable contexte de décolonisation.
L’organe décisionnel de l’organisation africaine, avait prévu, en effet, une série de mesures pour la réactivation du rôle de l’UA, notamment à travers la mobilisation du CPS, la réouverture du Bureau de l’UA à Laâyoune occupée, l’organisation d’une visite sur le terrain, le mandat octroyé à l’Envoyé de l’UA qui est appelé à reprendre d’urgence son engagement auprès des parties en conflit.
De l’avis d’Oubi Bouchraya, la décision de l’UA “repose sur la mise à profit des leçons de 30 ans d’échec de la MINURSO et du Secrétariat de l’ONU de concrétiser les promesses qu’ils ont faites au peuple sahraoui”.
Inscrit depuis 1966 à la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.
Source APS