La célébration de la Journée nationale de l’étudiant, le 19 mai, perpétue une forte symbolique, celle d’une jeunesse algérienne pleinement engagée dans la libération et l’édification de son pays, un évènement qui intervient cette année dans le prolongement de la célébration, pour la première fois, le 8 mai, de la Journée nationale de la mémoire.
Le 19 mai 1956, les étudiants entrèrent en grève et décidèrent de quitter les bancs des universités et lycées pour rejoindre les rangs de la Révolution, répondant ainsi à l’appel de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA). Ce faisant, ils apportèrent un soutien décisif à la lutte du peuple algérien pour s’émanciper du joug de la colonisation française.
Cet évènement mémorable, célébrée depuis comme étant la Journée nationale de l’étudiant, a contribué dans une large mesure, de par l’écho qu’il a suscité, à l’internationalisation de la cause nationale.
Le ralliement des étudiants algériens à la Révolution de Novembre 1954 a permis à celle-ci de bénéficier de leurs compétences dans divers domaines. Ils constituèrent les cadres de l’Armée de libération nationale (ALN) qui, grâce à leur apport, acquit les caractéristiques d’une armée moderne, structurée et organisée.
La célébration du 64ème anniversaire de la Journée nationale de l’étudiant avait été marquée l’année dernière par le lancement de la chaîne thématique “El Maarifa”, consacré notamment à l’enseignement à distance.
Diffusant ses programmes via le satellite algérien Alcomsat-1, cette nouvelle chaîne met à la disposition des élèves une série de cours dans toutes les disciplines des trois cycles de l’éducation, notamment des classes d’examen.
Rôle pionnier de la jeunesse dans l’édification de la nouvelle République
Dans son premier discours à la Nation à l’issue de sa prestation de serment en tant que président de la République, le 19 décembre 2019, M. Abdelmadjid Tebboune avait souligné l’intérêt accordé au secteur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, afin de lui permettre de jouer “un rôle pionnier dans l’édification de la nouvelle République algérienne”.
Le chef de l’Etat avait mis en avant, dans ce cadre, la nécessité de développer des programmes pour hisser le niveau des diplômés et jeter des passerelles entre le monde du travail et l’Université, afin d’en faire “la locomotive d’une économie forte”.
Outre la formation, la promotion de la jeunesse se décline aussi sur le plan politique. La loi organique portant régime électoral amendée, prévoit, afin d’encourager les jeunes à intégrer les assemblées élues, la prise en charge par l’Etat des dépenses de la campagne électorale des jeunes candidats indépendants.
La célébration de la Journée de l’étudiant intervient moins de deux semaines après la célébration de la Journée nationale de la mémoire, instituée afin de préserver cet élément déterminant de l’identité nationale de toute altération et le transmettre aux générations futures.
Le 8 mai 1945, et alors que les Français célébraient la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, des dizaines de milliers d’Algériens étaient sortis dans les rues de Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes pour revendiquer pacifiquement l’indépendance de l’Algérie, ainsi que l’avait promis la France s’ils la soutenaient dans son combat contre le nazisme. La réponse du gouvernement français d’alors fut sanglante: quelque 45.000 Algériens furent massacrés par les forces coloniales et leurs milices.
Ces massacres ont constitué un tournant décisif dans la trajectoire du mouvement national et la prise de conscience que seule la lutte armée pouvait libérer l’Algérie du joug colonial.
La décision d’instituer une Journée nationale de la mémoire avait été annoncée l’année dernière par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, dans un message adressé à la nation à l’occasion du 75e anniversaire de ces massacres.
Le chef de l’Etat avait annoncé dans la foulée le lancement d’une chaîne de télévision nationale spécialisée en Histoire, pour préserver la mémoire nationale.
L’intérêt accordé à la mémoire, un “devoir national sacré”
Lors de l’examen en Conseil des ministres de l’avant-projet de loi instituant cette journée, le président Tebboune avait affirmé que l’intérêt accordé à la mémoire nationale n’était pas motivé par des considérations conjoncturelles, mais qu’il s’agissait d’un “devoir national sacré ne tolérant aucun marchandage et qui restera en tête des préoccupations de l’Etat”.
La célébration de la Journée nationale de la mémoire intervient également dans le sillage de la relance de ce dossier. Alger et Paris ont désigné chacun un représentant pour résoudre de manière concertée les désaccords liés à cette question en vue de parvenir à des relations apaisées et équilibrées.
Le président Tebboune a affirmé que l’Algérie et la France devaient affronter le problème de la mémoire qui “hypothèque beaucoup de choses dans les relations bilatérales”.
L’objectif n’est cependant pas une écriture commune de l’histoire. Le directeur général des Archives nationales, en charge du dossier de la mémoire, Abdelmadjid Chikhi, a déclaré sans ambigüité que l’écriture commune de l’histoire entre les deux pays “n’est ni souhaitable, ni possible”, tout en formulant les vœux que des avancées soient réalisées, notamment la reconnaissance par la France des crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant la colonisation.
Durant 132 ans, la France coloniale a commis des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre fondée sur une idéologie de purification ethnique ayant pour objectif de remplacer les populations autochtones par des apports de populations étrangères.
Cinq (5) millions et demi d’Algériens ont été victimes de ces crimes, soit plus de la moitié des habitants de l’Algérie sous occupation coloniale. Les populations algériennes qui n’ont pas péri dans les massacres et les enfumades ont été décimées par la famine et les maladies provoquées par une guerre coloniale d’une brutalité inouïe.
Source APS