La contribution de militants anticolonialistes suisses à l’indépendance de l’Algérie a été évoquée dimanche à Alger lors des “rencontres Suisse-Algérie” tenues à l’occasion de la commémoration du 55e anniversaire de la signature des accords d’Evian signés le 18 mars 1962.
Organisées par l’association “DiversCités”, en partenariat avec l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), ces rencontres, inaugurées samedi, ont réuni des historiens, des témoins et acteurs de cette époque sur le thème “Les Suisses, la Suisse et la guerre d’Algérie”.
Responsable de la Fédération de France du Front de libération national (FLN), Ali Haroun a indiqué avoir trouvé en Suisse des “militants anticolonialistes favorables à la cause algérienne” dont Charles Henri Favrod, et Marie Madeleine Burmagne et son époux Freddy Buache qui avaient accueilli plusieurs réunions des Délégués à la presse et à l’information (DPI) du FLN.
Marie Madeleine Brumagne, journaliste au bulletin d’information du Comité Suisse contre le racisme et le colonialisme, avait à plusieurs reprises accueilli des responsables du Fln et des militants algériens dont Mustapha Lachref, Malek Haddad ou encore Kateb Yacine, témoigne Ali Haroun.
Militant anticolonialiste suisse, Jean Mayerat, condamné à une année de prison, en 1960, pour avoir mis en place un réseau de distribution du journal El Moudjahid, qu’il acheminait lui-même de la suisse vers la France, a souligné qu’il avait, comme beaucoup, adhéré à cette lutte pour des motivations “purement politiques et sociales”.
Pour sa part, Dahou Ould Kablia responsable au Ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG) a estimé que la Suisse avait servi de refuge et de lieu de rencontre à plusieurs responsables du FLN pendant la préparation du déclenchement de la guerre de libération nationale, avant d’accueillir des membres du GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne).
Dahou Ould Kablia a également indiqué que le Fln menait en Suisse des activités politiques, tolérées par les autorités de ce pays, ainsi que des opérations secrètes liées à la prospection et l’achat d’armes. Il cite en exemple le négociant Marcel Léopol, devenu “fournisseur en explosifs” de l’Armée de libération nationale (ALN).
Il a également salué la contribution de ce pays qui avait apporté un “appui politique, logistique et sécuritaire” aux responsables et militants du FLN.
S’exprimant sur les raisons de ses activités en faveur de l’indépendance de l’Algérie, André Gazut, qui avait déserté l’armée coloniale en 1960 pour rejoindre la Suisse, a indiqué qu’il avait rejoint “un combat et des militants justes”.
Inaugurées samedi, les rencontres Suisse-Algérie” ont permis la projection du documentaire “Les coulisses suisses de la guerre d’Algérie” et un hommage rendu au journaliste et écrivain Charles-Henri Favrod, disparu en janvier dernier, outre un focus sur la contribution suisse à l’aboutissement des accords d’Evian.