Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a prononcé, dimanche à Berlin, une allocution devant les participants à la Conférence internationale sur la Libye, dont voici le texte intégral :
“Son excellence Madame Angela Merkel, Chancelière de la République Fédérale d’Allemagne,
Messieurs les Chefs d’Etats et de Gouvernements,
Je tiens, tout d’abord, à exprimer mes vives remerciements à Madame Angela Merkel pour l’invitation à participer à cette Conférence et pour l’accueil et l’attention qui m’ont été réservés ainsi qu’à la délégation qui m’accompagne. Je la félicite, également, pour ses efforts soutenus en vue de l’organisation et l’aboutissement de ce rendez-vous exceptionnel, en dépit de toutes les difficultés. Le hasard a voulu que l’Allemagne soit le premier pays étranger à visiter depuis mon élection président de la République.
Cette Conférence intervient dans un contexte marqué par une grave et inédite escalade de la crise libyenne, laquelle se manifeste par une recrudescence d’actes de violence et d’hostilité et un acharnement dans la destruction des infrastructures du pays. Un tournant dangereux mettant en péril l’unité du peuple, la souveraineté et l’avenir de ce pays frère et voisin. Aussi, nous nous félicitons du cessez-le-feu de principe, que nous souhaitons voir durer.
Nos pensées vont vers nos frères en Libye qui fondent sur notre rencontre de grands espoirs pour une solution à leur crise à même d’alléger les problèmes qui les affectent et les enjeux auxquels ils font face. Malheureusement, la situation dans ce pays frère se trouve exacerbée du fait des ingérences négatives, attisant le feu de la Fitna et les rancoeurs.
L’Algérie qui entretient avec la Libye des relations historiques et des liens de bon voisinage veille à demeurer équidistante à l’égard de l’ensemble des protagonistes, et partant, elle n’a ménagé aucun effort pour le rapprochement des vues et l’établissement de passerelles de communication avec tous les acteurs. De même qu’elle n’a eu de cesse d’appeler à faire prévaloir la sagesse et à favoriser le processus pacifique pour le règlement de la crise. Seule et unique option à même de garantir l’unité du peuple libyen et le respect de sa souveraineté, loin de toute ingérence étrangère.
Mesdames, Messieurs,
Depuis le début e la crise en Libye, mon pays n’a eu de cesse d’exhorter les parties libyennes à adhérer au processus de dialogue, parrainé par les Nations Unies et accompagné par l’Union africaine (UA), en vue de former un gouvernement d’entente nationale apte à gérer la transition et la réédification des institutions de l’Etat libyen pour relever les défis qui se posent au peuple libyen dont la lutte anti terroriste.
A cet effet, elle a participé activement, à divers niveaux, à tous les efforts en faveur d’une solution politique à la crise libyenne, notamment à travers son initiative, en mai 2014, pour la création du Mécanisme des pays voisins de la Libye, qui a tenu sa première réunion à Alger, outre que les différentes cycles de dialogue qu’elle a abritées, depuis mars 2015, entre les dirigeants des partis politiques libyens dans le cadre des processus de dialogue, supervisés par l’ONU.
L’Algérie est également partie de l’initiative tripartite sur la Libye avec L’Egypte et la Tunisie, issue de la Déclaration de Tunis, en mars 2017, et dont elle abrite périodiquement les réunions.
Au delà des offices menées loin des projecteurs afin de garantir la réussite de sa démarche, l’Algérie a œuvré intensément pour la stabilisation du cessez-le-feu, partant de son sens de solidarité à l’égard du peuple libyen frère.
Ses efforts n’ont jamais cessé pour la réunification des Libyens et le rapprochement des vues en encourageant au dialogue inclusif pour aboutir à une solution consensuel. Des offices en direction de toutes les parties, à l’exception de certains éléments ou groupes terroristes inscrits sur la liste de l’ONU.
Mesdames, Messieurs,
L’Algérie appelle de nouveau la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité, à assumer sa responsabilité en matière de respect de la paix et de la sécurité de la Libye et réaffirmé son opposition à toute atteinte à son intégrité nationale et à la souveraineté de ses institutions. La politique du fait accompli en Libye est catégoriquement rejetée.
Les afflux d’armement au profit des parties en conflit ont exacerbé la situation en Libye, sans parler de l’implication de combattants étrangers et la présence de groupes terroristes extrémistes, dont les activités ont accru avec l’escalade militaire, menaçant ainsi la paix locale, régionale et internationale. Des activités qui englobent la traite des êtres humains, le crime organisé et le trafic de migrant à partir de la Libye vers l’autre rive de la Méditerranée, autant de facteurs menaçant la stabilité de la Libye et de toute la région.
Nul n’ignore, en outre, que les luttes d’influence régionales et internationales et la multiplicité d’agendas contradictoires jouent en faveur du statut quo, ce qui est de nature à mettre en échec les efforts onusiens et régionaux pour parvenir à une solution politique.
Cependant, je suis confiant en la capacité du peuple libyen à surmonter seul cette épreuve si l’occasion lui est donné, sous une supervision onusienne neutre, de s’engager dans un processus de dialogue et de réconciliation nationale en vue de parvenir à un règlement politique global, basé sur la garantie de la sécurité et de la stabilité de la Libye et l’édification d’un Etat démocratique fort, apte à rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire libyen sans ingérence étrangère dans ses affaires internes.
Mesdames, Messieurs
Aujourd’hui, nous sommes appelés à arrêter une feuille de route aux contours clairs, qui soit contraignante pour les parties, visant à stabiliser la trêve, à stopper l’approvisionnement des parties en armes afin d’éloigner le spectre de la guerre de toute la région, mais aussi à encourager les parties libyennes à s’asseoir autour de la table pour résoudre la crise par le dialogue et les voies pacifiques et éviter ainsi des dérapages aux conséquences désastreuses et l’Algérie est prête à abriter ce dialogue escompté entre les frères libyens.
Enfin, je rappelle que la région a besoin d’une stabilité fondée sur la sécurité commune et nous sommes, en Algérie, attachés au maintien de la région loin des ingérences étrangères. La sécurité de la Libye est le prolongement de notre propre sécurité et le meilleur moyen de préserver notre sécurité régionale reste la coopération et l’entraide avec nos voisins pour faire face au terrorisme et à l’extrémisme.
Je vous remercie pour votre écoute”.
Source APS