Les tensions entre Pékin et Washington devraient s’exacerber au moment où une “guerre d’influence” pour réorganiser l’ordre mondial s’installe et s’intensifie entre les deux puissances sur fond de pandémie de Covid19, estime l’analyste algérien, Arslan Chikhaoui, dans une nouvelle contribution publiée lundi par le quotidien l’Expression.
” Aujourd’hui, menacés par un ennemi commun, le Coronavirus, les Etats-Unis et la Chine sont loin de se réconcilier. Pis encore le conflit sino-américain s’accentue”, relève Chikhaoui dans cette analyse intitulée “le Duopole sino-américain post Covid 19: guerre d’influence et Soft Power “.
Dans le sillage de cette guerre “ardue”, Pékin n’a pas caché son ambition de piloter une réforme de la gouvernance mondiale. C’est à ce titre, constate Chikhaoui, que la diplomatie chinoise va incontestablement redoubler d’activisme pour saisir les nouvelles opportunités qui se présenteront à elle.
A titre d’illustration, Pékin va tenter de rassembler les voix pour réformer le système hérité des accords de Bretton Woods, qui ont ébauché sur les grandes lignes du système financier international, jugées “obsolètes” par les chinois, explique -t-il.
Ce qui est certain, poursuit M. Chikhaoui, c’est que “la post-pandémie Covid 19 va générer incontestablement des appels à créer de nouveaux mécanismes, des règles communes, globales et plus efficaces”.
En somme, résume l’auteur, la Chine se pose en “Challenger” en utilisant sa “diplomatie scientifique” de lutte contre la pandémie pour promouvoir ses produits et ses services, y compris ses programmes de formation comme elle le faisait autour des nouvelles routes de soie par le biais de sa diplomatie commerciale.
Et c’est grâce à ce soft power que Pékin va “renforcer ses liens avec des pays comme l’Algérie, l’Italie la Serbie, le Pakistan et le Cambodge qui ont “communiqué positivement sur l’assistance et la gestion de crise par le gouvernement chinois, ceux que Pékin a désignés comme étant des amitiés solides comme le fer”, prédit l’auteur de la contribution.
Une guerre sans vainqueur
Il constate que l’”offensive” chinoise sur le terrain du soft power a surtout bénéficié du retrait américain et de la politique dite ” America First ” prônée par l’actuel locataire de la Maison Blanche.
Pour autant, il explique que la Chine n’arrivera pas à imposer partout ses initiatives qui feront incontestablement face à l’opposition de plusieurs pays, en particulier celle des Etats-Unis.
Citant des observateurs avertis, M. Chikhaoui, également membre du Conseil consultatif d’experts du Forum économique mondial (Wef – Davos), considère qu’il est “peu probable que la Chine parvienne à promouvoir une organisation du monde qui fasse consensus “.
Par contre, les organisations internationales “perdraient de plus en plus leur crédibilité, dans la mesure où certaines d’entre elles ne seront plus en mesure de réunir à la même table les deux premières puissances économiques mondiales”, prévoit-il.
“Le bras de fer technologique entre Pékin et Washington va sans aucun doute se prolonger et pas uniquement autour de la 5G “, souligne cet expert du forum civil des Nations Unies.
Et la guerre entre les deux puissances sera certainement attisée à l’approche de la présidentielle américaine de novembre qui verra certainement des déclarations “excessives” de la part du président américain Donald Trump pour justifier de nouvelles mesures contre Pékin.
Mais “ni la Chine, ni les Etats-Unis ne sortent gagnants de cette guerre qui a ajouté ses conséquences à l’effondrement du commerce mondial provoqué par la crise sanitaire du Covid 19 “, estime l’analyste.
Cependant, le président exécutif du centre de consultance et d’études NSV, souligne que la seule manière pour que la Chine sorte gagnante de cette crise sanitaire, serait d’être la première à mettre au point un vaccin contre le nouveau Coronavirus.
Source APS