Marchant sur les traces de la génération de 1990, la sélection algérienne de football a amorcé sa renaissance par la plus belle des manières, en remportant brillamment la CAN-2019 en Egypte, grâce à sa victoire en finale face au Sénégal (1-0), vendredi au Caire.
Pourtant, personne ne s’attendait à un tel exploit en terres égyptiennes, celui de soulever le trophée tant convoité, 29 ans après l’unique sacre remporté à domicile en 1990. La traversée du désert a été longue pour les “Verts”, qui se sont souvent heurtés à la réalité du terrain en Afrique subsaharienne, jusqu’à cette quatrième place décrochée en Angola en 2010, dans ce qui avait été le meilleur résultat depuis le trophée de 1990.
Les joueurs de Djamel Belmadi ont pu relever le défi et réaliser un parcours digne d’un champion, pour déjouer tous les pronostics et surtout imposer le respect. Après plusieurs années de disette, l’équipe nationale est parvenue non seulement à réhabiliter son image, mais surtout se réconcilier définitivement avec son peuple. Retour sur la belle épopée des “Verts” en Egypte.
Un premier tour “pharaonique”
Solide défensivement et réaliste sur le plan offensif, l’équipe nationale a survolé le premier tour de la CAN-2019, alignant trois victoires en autant de matchs, ce qui n’était plus arrivé depuis l’édition 1990.
Qualifié avec brio à la tête du groupe C, l’Algérie a entamé sa belle aventure en dominant le Kenya (2-0), avant de s’offrir le Sénégal (1-0), dans ce qui a été un succès de prestige face à l’un des favoris en puissance pour succéder au Cameroun, éliminé par la suite en 1/8 de finale.
Pour le dernier match de la phase de poules, l’équipe nationale, avec un Onze largement remanié, n’a pas fait dans la dentelle en corrigeant la Tanzanie (3-0), grâce notamment à un doublé d’Adam Ounas.
Avec six buts marqués et aucun encaissé au premier tour, les “Verts” se sont positionnés idéalement, se mettant dans la peau d’un favori.
“Il y a de multitudes d’éléments qui nous ont permis de bien démarrer cette CAN. Rien n’arrive au hasard, il y a eu un travail de fond qui a été fait”, a tenu à expliquer Belmadi, principal artisan du renouveau amorcé par la sélection.
Rien ne semblait arrêter cette sélection dans la quête d’une deuxième étoile. Après avoir passé le cap des 1/8 de finale en s’imposant facilement face à la Guinée (3-0), les choses sérieuses ont commencé pour les “Verts” avec deux adversaires redoutables au menu : la Côte d’Ivoire et le Nigeria.
Le titre s’est dessiné à Suez
C’est à partir des quarts de finale que l’équipe nationale a pointé son bout du nez et affiché clairement ses ambitions de jouer le titre, en s’imposant face à la Côte d’Ivoire au stade de Suez devant plus de 5000 supporters algériens qui se sont déplacés pour soutenir les “Verts”.
Au bout d’un match intense, l’Algérie est parvenue à passer l’écueil ivoirien au terme de la fatidique séance des tirs au but (1-1, aux t.a.b :4-3), un succès qui a dessiné les contours d’un titre qui tendait les bras aux joueurs algériens.
Le rendez-vous face aux “Eléphants” était de loin le match le plus intense, fort en émotions, disputé par l’équipe nationale en Egypte. Grâce à leur “grinta” et leur détermination à aller jusqu’au bout, les coéquipiers d’Ismaël Bennacer venaient tout simplement de se rapprocher un peu plus de leur rêve.
Dernier obstacle avant la finale : le Nigeria d’Odion Ighalo, meilleur buteur de la compétition avec 5 réalisations. Comme il fallait s’y attendre, le match a été très disputé de part et d’autre. Au moment où l’arbitre gambien Bakary Papa Gassama s’apprêtait à siffler la fin des 90 minutes pour envoyer les deux équipes en prolongation, le capitaine providentiel Riyad Mahrez a dit son mot, bottant un coup-franc direct magistral du pied gauche dans le temps additionnel pour offrir à l’Algérie sa qualification en finale.
En terminant meilleure attaque avec 13 buts contre 2 encaissés, l’équipe nationale mérite amplement sa consécration, même si en finale, les “Verts” n’ont pas étalé leurs grandes qualités techniques et individuelles, se contentant de gérer le match et surtout préserver leur maigre avantage acquis dès la 2e minute de jeu, face à une équipe sénégalaise qui manquait de lucidité devant les buts.
Désigné à la tête de la sélection en août 2018, le coach national Djamel Belmadi réussit ainsi à redresser admirablement la barre, insufflant une âme de “guerrier” chez les joueurs, tout en instaurant une concurrence loyale qui a fini par se répercuter positivement sur le groupe.
Sur le plan individuel, le milieu offensif Ismaël Bennacer (21 ans) a été élu meilleur joueur du tournoi, lui qui avait été appelé en renfort à la dernière minute, deux années plus tôt, pour remplacer Saphir Taïder, forfait sur blessure pour la CAN-2017 au Gabon.
Raïs M’bolhi, égal à lui-même, a été élu meilleur gardien de but de la compétition. Une juste récompense pour un portier qui entre de plain-pied dans la légende du football national.
Confrontée à une crise il y a juste une année, l’équipe nationale a montré en Egypte qu’elle avait des ressources qui lui ont permis de se surpasser et réaliser cet exploit, une épopée qui restera à jamais gravée dans la mémoire d’un peuple, désormais fier de sa sélection.