Des intervenants lors d’une conférence sur les massacres du 8 mai 1945 ont mis l’accent mercredi à Alger sur la nécessité d’adopter une méthodologie nationale dans l’écriture de l’histoire de l’Algérie, et ce pour lutter contre la déformation et corriger la terminologie diffusée par le colonisateur français.
A ce titre, la présidente de l’Association de lutte contre la pensée coloniale, Me Benbraham Fatma Zahra a précisé que la France avait procédé à l’utilisation de termes erronés qui déforment la réalité dans ses écritures sur la période coloniale en Algérie, dans le but de déformer l’histoire, de se soustraire à ses responsabilités face aux crimes odieux perpétrés contre le peuple algérien et d’échapper aux sanctions prévues par le Droit international, notamment la loi du 17/07/1998.
Elle a en outre ajouté que le terme “guerre d’Algérie” est “erroné” car la guerre oppose deux pays indépendants avec un système militaire qui les protègent, tandis que l’Algérie était colonisée par la France qui a utilisé la force et perpétré les crimes les plus odieux à l’encontre du peuple algérien sans défense, outre le fait de qualifier les Moudjahidine de terroristes et d’autres termes qu’il faut corriger à travers la mise en place d’une plateforme solide sur laquelle œuvrent en même temps les historiens et les avocats.
S’agissant des massacres du 8 mai 1945, Me Benbraham a fait observer que la plupart des écritures historiques les qualifiaient de “massacres”. Toutefois, et en vertu de la loi du 17 juillet 1998, il s’avère que ces évènements étaient “un véritable génocide” des Algériens, ce qui est considéré, selon l’intervenante, comme “un acquis important” pour l’Algérie, en vue de tenir la France pour responsable de ses crimes horribles, d’autant que le Droit international prévoit l’imprescriptibilité de ces crimes.
L’avocate a estimé que l’Algérie “n’a pas besoin des excuses de la France car il n’effaceront pas les crimes de celle-ci perpétrés le 8 mai 1945 ni ceux durant la période du colonialisme, mais nous avons besoin de construire notre histoire judiciaire avec la France pour la contraindre à reconnaître et assumer la responsabilité des crimes commis contre le peuple algérien”.
L’enseignant Ali Djilali a, pour sa part, jugé “important de recouvrer la mémoire nationale qui est la base de la renaissance et du progrès de tout Etat et d’écrire l’histoire de l’Algérie en s’appuyant sur une démarche nationale loin de celle coloniale falsifiée” pour que les futures générations puissent prendre connaissance de ce que les prédécesseurs ont fait.
Dans son intervention, il a mis en avant les défis auxquels font face les peuples pour se libérer et s’émanciper du joug du colonialisme jusqu’à l’indépendance.
L’enseignant chercheur Sadek Bakhouche a, quant à lui, déclaré que la mémoire algérienne porte sur toutes les étapes et les civilisations qui se sont succédées dans le pays, mais la répression et les crimes français restent à jamais les souvenirs les plus ancrés dans la mémoire des Algériens.
Il a estimé “nécessaire de revoir la méthode par laquelle l’histoire est écrite et d’adopter une approche nationale loin du lexique du mépris et des terminologies fausses qu’utilise la France pour écrire l’histoire à sa manière”.
Le président de l’Association Mechaal Echahid qui a organisé la conférence, Mohamed Abad a annoncé l’institution du prix “Art et Mémoire” à partir de 2022 en parallèle avec l’anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, un prix dédié au rôle de l’artiste dans la préservation de la mémoire nationale, relevant la création d’une commission qui se chargera de l’examen des statuts de ce prix qui sera distribué à la veille de la fête de l’indépendance.
Source APS