Le long métrage de fiction “Nous n’étions pas des héros”, un huis clos restituant les conditions de détention dans les camps spéciaux de l’armée coloniale durant la guerre de libération nationale réalisé par Nasredine Guenifi, a été présenté à la presse mercredi à Alger.
D’une durée de 110 mn, le film est une adaptation au cinéma du livre de Abdelhamid Benzine sur les conditions de détention inhumaines des prisonniers algériens dans les camps spéciaux. “Le camp” a été écrit en prison et publié en France en 1962.
Campé par le comédien et metteur en scène Ahmed Rezzak, Abdelahmid Benzine prend le rôle du narrateur qui relate, tout en rédigeant son livre, son transfert avec d’autres détenus de la prison de Lambèse au camp de détention spécial de Boughari où il découvre la haine et la barbarie dans toute son ampleur.
Dans ce dernier camp, les détenus dorment sur la paille, sous des tentes, n’ont droit qu’à un seul repas par jour et sont contraints aux travaux forcés, tout en subissant les pires sévices et les humiliations de jour comme de nuit.
Les prisonniers, résistants et militants de la cause algérienne, découvrent également la cruauté d’anciens officiers nazis incorporés dans la légion étrangère, avec pour mission de “mater les prisonniers irrécupérables et les retourner contre leur cause”.
Toute en réclamant avec obstination l’application de la Convention de Genève sur prisonniers de guerre, Abdelhamid Benzine s’attèle, malgré les souffrances dues aux incessants passages à tabac, à l’écriture de son livre, utilisant de simples bouts de papier.
Ce film montre également le sentiment d’impuissance de l’être et sa fragilité face à la violence, en même temps que la solidarité des détenus les uns envers les autres, voire la compassion de certains soldats de l’armée française à l’égard des prisonniers, ce qui ramène l’œuvre à une dimension plus humaine et montre un souci de sincérité du réalisateur dans l’approche de son sujet.
“Nous n’étions pas des héros” a été produit par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et programmé pour 2012 à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Mais le film a pris beaucoup de retard pour cause de “problèmes financiers et de mauvaise gestion de la production”, affirme le réalisateur présent à la projection.
Sa post-production, confiée aux studios “Tayda Films” du cinéaste Belkacem Hadjadj, a été complètement réalisée en Algérie.
Abdelhamid Benzine, (1926-2003), avait débuté son parcours militant dans les rangs du Parti du peuple algérien (Ppa) en 1940. Au début des années 1950, il rejoindra la fédération de France du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD).
En France, il sera élu représentant algérien à la direction de l’Union départementale des syndicats, avant de rejoindre le maquis en qualité de commissaire politique de l’Armée de libération algérienne (ALN). Il sera arrêté par la police coloniale et connaîtra les cachots de Lambèse et les camps spéciaux.
A l’indépendance, il adhère au comité central du Parti communiste algérien (PCA), puis au Parti de l’avant-garde socialiste (Pags, clandestin jusqu’en 1990).
Abdelhamid Benzine a été journaliste à “Alger républicain” pendant la colonisation, avant de diriger le même quotidien, reparu en 1989.
Outre “Lambèze” en 1989, il publie “La montagne et la plaine” en 1991.