“Iqbal/Arrivées, pour une nouvelle photographie algérienne”, une exposition de photographies-documentaire inaugurée samedi à Alger, a réuni 20 photographes de différentes régions d’Algérie dans un regard croisé où des instants de vie, répertoriés dans des thématiques variées, ont été subtilement immortalisés et présentés au public.
Organisée au Musée public national d’art moderne et contemporain d’Alger (MaMa), cette exposition, visible jusqu’au 13 juillet 2017, intervient suite à un atelier de formation encadré en 2015 à la Villa Abdellatif à Alger, par le commissaire Bruno Boudjelal, franco-algérien de 56 ans pratiquant la photographie comme “un mode de vie qui interroge sans cesse sa propre identité et confronte le visiteur à la sienne”, peut-on lire sur le document de présentation.
L’exposition propose une vision profonde de l’Algérie à travers plus de 200 clichés sélectionnés par le commissaire de l’exposition, dans le cadre de l’accord d’amitié et de coopération signé entre la ville de Paris et la Wilaya d’Alger.
Occupant les niveaux inférieur et supérieur du Musée, de jeunes photographes de plusieurs villes d’Algérie ont fixé leurs objectifs sur différentes situations sociales, traduisant leurs états d’âme dans des moments de vie, représentant pour eux un “lien inéluctable avec l’Algérie”, précisent-ils.
Abdou Farouk de Maghnia dans “Transvergence” décrit sa ville au petit matin dans différentes prises de vues, desquelles ressort une fascination manifeste invitant à un retour vers ses origines, au moment où Youcef Krache, lui, dans “20 cents” (rabâa doro), préfère focaliser sur “la capacité des jeunes à créer un intérêt”, explique-t-il, à travers les combats de moutons, étalés dans une vingtaine de clichés où la foule, euphorique, se fait de plus en plus nombreuse.
D’autres thèmes proposent au visiteur un voyage dans les profondeurs de l’être, à l’instar de Yassine Belahcène de Béjaïa qui explore dans ses photographies “Le silence”, où le temps, “sculpteur d’espoir”, ressuscite l’individu, sombré dans l’errance, et Sihem Salhi de Constantine qui invite dans “Lumière d’âme”, à “la découverte en soi” de la présence divine à travers un jeu d’éclairage sombre mettant en valeur la lumière.
Boubekeur Mehdi d’Alger a quant à lui, choisi de s’exprimer dans “Tag âla tags” sur les inscriptions murales dans les villes et leurs “potentiels à se transformer en des poésies perceptives, proposant de “mettre en situation le graffiti en l’insérant dans son contexte immédiat”.
La tradition ancestrale dans les fêtes et les cérémonies religieuses est rappelée par Bensaadi Ramzy d’Oran dans “Célébrations rurales en Algérie”, une série de clichés réalisés en trois ans de temps dans une quinzaine de villages de l’ouest algérien.
Le désarroi et l”amertume des sans-emplois a été l’objet d’exploration de Besma Khelfa “Lola” de Annaba dans “Dégoûtage”, alors que Rahiche Hamid d’Alger propose des vues panoramiques dans “Alger, Climat de France”, aux clichés saisissants pris au cœur de l’ensemble architectural de ce quartier tourné vers la mer, construit entre 1955 et 1957 par l’architecte français Fernand Pouillon.
D’autres artistes-photographes, réalisant leurs clichés dans des approches “illustratives et contemporaines”, se sont exprimés dans des formes et formats différents, avec “la volonté de raconter, dans la différence de leurs expériences, leurs histoires sur l’environnement algérien”, explique encore le commissaire Bruno Boudjelal.
Visant à révéler au grand public le talent des jeunes photographes algériens, l’exposition “Iqbal / Arrivées, pour une nouvelle photographie algérienne” organisée par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel et l’Institut français d’Algérie, devrait être reconduite du 12 septembre au 4 novembre 2017 à la Cité internationale des arts à Paris, dans le cadre de la Deuxième biennale des photographes du Monde Arabe contemporain.