Entre dunes de sable et montagnes rocheuses, sur les rives d’une vallée désertique entourée d’une palmeraie, se dresse le vieux Ksar de Taghit à Béchar qui enchante le visiteur par sa splendeur et son architecture atypique.
Le visiteur du Ksar, bâti au XIe siècle et classé patrimoine national depuis 1999, ne peut qu’être séduit par la beauté de sa façade extérieure. Aujourd’hui déserté par ses habitants, à l’exception de quelques particuliers qui ont converti leur demeures en espaces abritant des activités économique et touristique, dont des maisons d’hôtes, des lieux de repos et des salons de thé, ce ksar constitue désormais un centre d’attrait touristique pour les visiteurs nationaux et étrangers, particulièrement à la fin du mois de décembre et durant le mois de mars.
Construit de pierre et de la terre, fortifié par des troncs et des feuilles de palmiers et bâti sous forme de forteresse, le Ksar abrite, outre une mosquée et un puits, quelque 120 anciennes demeures adjacentes les unes aux autres, dont plusieurs sont tombées en ruine.
Pour Samir Bayech, propriétaire d’une maison d’hôtes à Taghit, ce ksar est “réservé aujourd’hui aux touristes. Il est inhabité depuis la fin des années 80 du siècle dernier, à l’exception de certains particuliers qui exploitent leurs biens dans des activités économiques et touristiques”.
“J’accueille des touristes par le biais d’agences de tourisme. Cependant, le nombre des touristes a considérablement baissé en raison de la pandémie du coronavirus, particulièrement les étrangers”, a-t-il dit.
Le guide touristique du Ksar, Mebarki Tayeb investit quant à lui dans le tourisme culturel, en ouvrant dans sa propre demeure un petit musée et une bibliothèque qui compte plus de mille ouvrages en plusieurs langues dont des archives et des revues sur l’histoire de l’oasis à travers les époques.
Le musée renferme différents outils utilisés dans l’agriculture au niveau du Ksar et dans la vie quotidienne ainsi que des objets d’artisanat, outre divers produits dont des dattes, des tenues traditionnelles et des instruments de musique comme le Guembri.
“A l’instar des autres habitants du Ksar, je me suis occupé de la restauration et de l’aménagement de mon ancienne demeure, les autorités compétentes n’ayant pris en charge que les façades”, a-t-il souligné.
Pour sa part, Youcef Abdelkafi, propriétaire d’un restaurant familial au niveau du Ksar dira que “la première opération de restauration en 2001, a donné une nouvelle âme au palais..”, déplorant que “cette opération soit confiée à des entrepreneurs au lieu des artisans de la région”, car estimant qu’ils “ne maîtrisent pas le savoir-faire traditionnel”.
A ce titre, il a rappelé “la dernière opération de restauration en 2019″, confiée à des entrepreneurs qui n’ont pris en charge que les façades”, a-t-il dit, appelant à “une restauration globale et complète du palais qui permettrait le retour de ses habitants, avec la mise en place d’un organe chargé de la supervision et de l’organisation de l’accès au palais”.
Abdelmadjid Abdellaoui a indiqué avoir été le premier à rénover sa maison familiale dans le Ksar en 2001 pour en faire une maison d’hôte.
Par ailleurs, l’architecte Abdelouahab Arbaoui a fait savoir que “sur les 37 Ksour que comptait sa ville, seuls cinq tiennent debout et peuvent encore être sauvés : Taghit, Berrabi, Bakhti, Zaouïa Tahtania et Zaouïa Foukania”.
Le Diwan, essence de la vie culturelle
L’ancien Ksar de Taghit est le seul à travers l’Oued Zousfana à recevoir des visiteurs. Riche de son patrimoine immatériel et de son art traditionnel illustré notamment par la musique “Diwan”, essence de sa vie culturelle, le Ksar convie les visiteurs à d’authentiques “Kaâdat” musicales sur leur lieu de séjour, dans la palmeraie, voire au cœur même du désert.
Des artisans de la région exposent différents instruments de musique traditionnels qu’ils confectionnent, dont des Guembri, des luths de Bechar, des violons traditionnels et des percussions. Les visiteurs peuvent aussi les voir travailler directement dans leurs ateliers.
Le joueur de Guembri Abdelkader Aboura, de la troupe “Gnaoua Taghit”, fondée en 1998, a dit “pratiquer cet art depuis de nombreuses années”. Ce musicien qui a participé à de nombreuses manifestations culturelles à travers les wilayas a à cœur de “transmettre son art aux jeunes générations”.
Source APS