Premier pays à avoir ratifié la Convention de l’UNESCO de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, l’Algérie accorde un intérêt particulier à la préservation de son patrimoine et s’est imposée comme un point focal africain et une référence en matière d’expertise disposant de centres de recherches spécialisés qui ont porté huit biens culturels algériens sur la liste du patrimoine de l’humanité.
Célébrations populaires et religieuses, savoir-faire culinaires, vestimentaires et artisanaux, musiques et instruments représentent la culture algérienne sur la prestigieuse liste onusienne, un classement qui implique également des efforts de sauvegarde et de mise en valeur au niveau national et une valeur ajoutée certaine à la destination Algérie.
L’Algérie qui célèbre cette année le 60e anniversaire du recouvrement de son indépendance, a inscrit son premier bien culturel en 2008, l’Ahellil du Gourara, une poésie chantée et dansée, pratiquée lors des cérémonies collectives et fêtes religieuses dans cette région du sud algérien, a été défendu par le chercheur Rachid Bellil, un expert qui va revenir en 2014 pour classer le Sbuâ, pèlerinage annuel à la zaouïa de Sidi El Hadj Belkacem dans le Gourara en célébration du Mawlid Ennabaoui.
Autre célébrations connues du grand sud algérien, la cérémonie de la Sebeïba, qui se déroule chaque année dans l’oasis de Djanet a également intégré la liste du patrimoine universelle, au même titre que le pèlerinage annuel au mausolée de Sidi Abd El Kader Ben Mohamed dit “Sidi Cheikh”, un dossier mené à bien en 2013 par le chercheur Ahmed Ben Naoum.
Pour promouvoir le patrimoine commun avec les pays voisins, l’Algérie a mené en 2013 son premier dossier multinational pour inscrire les pratiques et savoirs liés à l’Imzad vielle monocorde ancestrale jouée et fabriquée exclusivement par les femmes touarègues en Algérie, au Mali et au Niger. Ce dossier a été coordonné par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) et l’anthropologue Badi Dida.
C’est dans cette même optique que sera classé le couscous, les savoirs, savoir-faire et pratiques liés à sa production au nom de plusieurs pays nord-africains, et la calligraphie arabe et les connaissances compétences et pratiques, défendu par seize pays dont l’Algérie.
Dans le registre du costume traditionnel, ce sont les rites et les savoir-faire artisanaux associés à la tradition du costume nuptial de Tlemcen qui représentent l’habit algérien aux yeux du monde depuis 2012.
Alger, point focal de l’anthropologie africaine
Depuis 2018, l’Algérie abrite le Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Afrique (CRESPIAF), un centre régional placé sous l’égide de l’Unesco, un point focal pour tous les anthropologues africains et un centre rassembleur d’échange de connaissances émanant de la Déclaration d’Alger, sanctionnant le colloque sur l’anthropologie africaine organisé en 2009.
Lors du second Festival culturel panafricain de 2009, les anthropologues du continent avaient recommandé la création d’une institution pérenne qui puisse servir de “lieu focal de rencontre et d’échange”.
Les experts dépêchés par l’UNESCO avaient alors appuyé la demande de l’Algérie sur la base de “l’importance de la densité patrimoniale, la politique publique et les textes juridiques de préservation du patrimoine, et l’existence d’institutions dédiées, de centres d’expertise et d’un potentiel important d’experts, chercheurs et enseignants”.
De nouveaux dossiers de classement au patrimoine mondial de l’humanité
L’année 2022 qui connaît une attention particulière pour le patrimoine culturel immatériel est également marquée par le dépôt de deux nouveaux dossiers de classements au Patrimoine mondial de l’humanité auprès de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), “La musique Raï” et “les métiers et savoir-faire liés au travail du métal”.
Un comité d’experts et de chercheurs du Centre national des recherches préhistoriques anthropologiques et historiques (CNRPAH) a enrichi et déposé ce dossier pour la prochaine session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, une session qui devra également étudier le dossier relatif aux arts, au savoir-faire et aux pratiques de la gravure sur le cuivre, l’or et l’argent, coordonné par la République d’Irak et avec la participation de pays comme l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, la Mauritanie, la Palestine, ou encore l’Arabie Saoudite.
Depuis ces classements de nombreuses célébrations populaires ont été institutionnalisées dans des festivals, de nombreux centres d’interprétation ont été créés en plus du lancement de nombreux projets de recherche et de quelques chantiers liés à l’inventaire et à la mise à niveau des instruments juridiques de préservation.
Source APS