La chanteuse portugaise Cristiana Aguas, une des plus grandes voix du Fado de la nouvelle génération, a animé samedi soir à Alger un concert, où la cantilène et la complainte populaire ont été exprimées dans des consonances méditerranéennes devant un public conquis.
Programmé dans le cadre du 18e Festival culturel européen, ouvert le 10 mai dernier à Alger, le récital de Cristiana Aguas a drainé un public nombreux à la salle Ibn Zeydoun de l’Office Riadh El Feth, qui a eu droit, durant une heure de temps, à un florilège de chansons du patrimoine, rendues dans le registre “Fado” qui s’inspire d’un genre poétique portugais très populaire, empreint de mélancolie.
“Heureuse” d’être à Alger Cristiana Aguas a présenté une quinzaine de pièces -essentiellement tirées de son unique album sorti sans titre- aux sujets traitant notamment de l’amour, la terre, le chagrin, la séparation et la nostalgie, rappelant le meilleur de l’ancien auquel elle a ajouté une pointe de modernité, dans une nouvelle conception qui fait son originalité.
Evoquant avec finesse le quotidien des gens et leurs préoccupations, la cantatrice, à la voix suave et étoffée, a brillamment rendu les pièces, “So porqué nao sei nadar”, Cromologia”, ” A Vinha e o Olival”, ” Barro divino”, ” Alma Sadina”, ” Ingravidez”, ” Sangue Latino”, “Porque nao”,” Tistes passaros”, “Fala da mulher Sozina”, “Caldeirada”, “Aporta da Brasileira”, “Formiga Bossa Nova” et “Marguem”.
Dans un genre populaire bien élaboré, l’orchestration acoustique aux consonances jazz, assurée par Antonio Quintino à la basse, Nilson Dourado à la la guitare d’accompagnement et à la percussion et Antonio Andrade à la guitare portugaise (sorte de mandoline avec une caisse volumineuse) et au piano, a embarqué le public dans une randonnée onirique à travers la richesse du patrimoine portugais. Faisant montre de professionnalisme et de maîtrise, les instrumentistes ont brillé de technique et de dextérité, dans des arrangements de haute facture, servis par des arpèges et des accords dissonants permettant une exploitation optimale des intervalles d’harmonisation.
Les rythmes, conçus dans les mesures à deux, trois ou quatre temps, n’ont pas manqué de variations dans les mouvements, alternant douceur et esprit festif, dans un jeu nuancé, entre lenteur et rapidité.
Les différentes pièces proposées au programme ont mis en valeur une nouvelle vision du Fado, ouverte sur de “nouvelles approches”, empreintes par des arrangements subtils, qui “expriment des sentiments forts dans la douceur des sonorités et des cadences”, explique la chanteuse, avant d’ajouter que son deuxième opus, dont la “sortie est imminente”, s’inscrivait dans la même démarche artistique.
En présence de l’ambassadeur du Portugal en Algérie, Carlos Oliveira, la jeune cantatrice a plusieurs fois été applaudie par l’assistance qui a savouré le spectacle dans un silence religieux, imposé par la qualité de ses chansons menées dans un esprit musical tempéré.
Placé sous le slogan “Les couleurs de l’Europe”, le 18e Festival européen se poursuit jusqu’au 24 mai dans les villes d’Alger et de Bejaia avec des concerts de musique, un programme cinématographique, une exposition photo, un atelier d’écriture et des pièces de théâtre.
17 pays membres de l’Union européenne (UE) prennent part à cette manifestation annuelle fondée en 2000, à l’instar de l’Italie, l’Autriche, la Finlande, la Bulgarie ou encore la Roumanie.