Le Moudjahid et ancien diplomate algérien, Mohamed Khelladi, livre, dans ses mémoires, son témoignage sur des moments clés de l’histoire du ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG), comme il propose des éclairages sur des évènements auxquels il a pris part en qualité de représentant diplomatique de l’Algérie indépendante.
Intitulé : De Boussouf à kennedy : Liberté et foi, ce livre de 346 pages, (éditions Casbah), rompt avec les mémoires classiques des acteurs de la Guerre de libération nationale, de par son style d’écriture qui ne reproduit pas un récit linéaire focalisé sur l’auteur, ni sur des faits d’armes jalonnant un parcours en quête de reconnaissance.
Mohamed Khelladi a préféré voyager avec le lecteur dans des évènements choisis ayant jalonné l’histoire moderne de l’Algérie, sans se soucier de l’aspect temps, privilégiant une démarche analytique à la simple narration des évènements, en liant les faits entre eux, pour éclairer le lecteur sur d’importants évènements liés à l’histoire de notre pays.
Il raconte, avec moult détails, les évènements vécus à Madrid, durant les années 1970, avec l’agonie de Franco, ayant hypothéqué l’indépendance du peuple sahraoui, suite aux manœuvres d’une France toujours prisonnière de son passé colonial, pour revenir au périple du commandant Houari Boumédiene, en 1957, dans les vastes contrées de la Wilaya V historique
Khelladi confirme, ainsi, un fait de l’histoire resté méconnu, celui relatif à la longue tournée d’inspection de Houari Boumédiene, de janvier à août 1957, qui l’avait conduit jusqu’aux frontières de la wilaya IV, où il avait rencontré le commandant Omar Oussedik, responsable du service de renseignement de la même wilaya.
Ce périple, raconté dans le détail par Khelladi, sera suivi d’un autre parcours du futur chef d’Etat-major de l’Armée de libération nationale (ALN), qui sera hissé au grade de colonel à la faveur du CNRA du Caire, ayant vu l’élargissement du Comité de coordination et d’exécution (CCE) à de nouveaux membres dont Abdelhafidh Boussouf.
L’ancien patron de la Direction de documentation et de recherche (DDR) du MALG, explique ensuite la structuration du célèbre ministère du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), tenu par Boussouf, dont l’essentiel des directions avait fait son apprentissage du combat libérateur dans les rangs de la wilaya V.
L’apport des services de renseignements, particulièrement, pour sécuriser les institutions de la Révolution algérienne en exil, ainsi que l’appareil diplomatique de l’Algérie en guerre et ses réseaux d’armement, a été décisif. C’est ce que ressort d’une bonne partie du récit de Khelladi.
La DDR, dont il fut le patron, eut à fournir un immense travail de documentation pour les différents départements ministériels du GPRA, notamment lors des négociations d’Evian.
Dans ce contexte, Il a évoqué, à titre d’exemple, l’apport d’Enrico Mattei, PDG de la firme italienne ENI, dans le dossier des hydrocarbures. Ce même combat pour la souveraineté des peuples sur leurs richesses resurgira, encore, dans le parcours de Khelladi, lorsqu’il était diplomate, à plusieurs reprises, pour émerger lors des nationalisations des hydrocarbures
Il émergera encore une fois, à Caracas, auprès d’Hugo Chavez, qui avait initié une action, concertée avec Alger, pour remonter les prix du baril fort affecté en cette fin du XXème siècle.
Parmi les actions menées par Khelladi, et racontée dans son livre, il y a lieu de citer les péripéties du célèbre éditorialiste américain de New York Times, Joe Kraft, durant un mois, dans les maquis de l’ALN de l’intérieur.
Ce voyage de Kraft provoqua, raconte l’ancien chef du DDR, la fameuse déclaration de JF Kennedy, du 2 juillet 1957, au capitole sur le droit du peuple algérien à l’indépendance et une grave crise entre Washington et Paris et amènera de Gaulle à quitter l’OTAN.
Ecrit en forme de chroniques, le livre de Khelladi renferme des chapitres entiers, dans lesquels il met en relief la continuité des luttes pour la souveraineté des Etats-nations, fort ébranlée par ce qu’il a appelé l’Islamisme transnational , dont il fut lui-même victime, et les printemps planifiés dans des laboratoires pour hypothéquer les acquis des peuples issus de mouvements de libération nationale