Le secteur de l’énergie a enregistré en 2018 une dynamique appréciable marquée essentiellement par le règlement à l’amiable de litiges entre Sonatrach et des partenaires étrangers ayant favorisé une “moisson” d’accords de partenariat dans le secteur des hydrocarbures et de la pétrochimie.
La détermination de Sonatrach à mettre fin à toute situation de conflits a contribué à restaurer la confiance des investisseurs dans le secteur.
En 2018, plusieurs accords de partenariat ont été conclus avec des compagnies pétrolières telles Total (France), Eni (Italie), Saipem (filiale d’ENI), Repsol (Espagne), Cepsa (Espagne), Pertamina (Indonésie), DEA Deutsche Erdoel AG (Allemagne) et Transneft (Russie).
L’espagnol Cepsa a ainsi signé avec Sonatrach et l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) un contrat pour l’exploitation du champ pétrolifère de Rhourde El Khrouf (Ouargla) pour un montant de 1,2 milliard de dollars, avec pour objectif d’augmenter la production de pétrole brut et de produire du GPL pour la première fois à partir de ce gisement.
Plusieurs accords ont également été signés avec Eni: l’un d’eux porte sur l’exploration et l’évaluation du potentiel pétrolier du bassin offshore algérien (exploration en mer).
En outre, un autre contrat a été conclu pour la cession à Eni de 49% des intérêts de Sonatrach sur des périmètres de recherches Zemlet Elarbi, Sif Fatima et Orhoud II.
Un autre concerne la réalisation d’un gazoduc reliant deux unités de production du bassin Berkine, Lajmat Bir Roud et Menzel Lejmat Est pour produire quotidiennement un excédent de plus de 7 millions de standard m3 en gaz.
Par ailleurs, Sonatrach a signé un contrat de recherche et d’exploitation avec Total (France) et Repsol (Espagne) sur le périmètre de Tin Foye Tabankort (Hassi Messaoud).
Ce contrat prévoit la réalisation d’un programme additionnel estimé à 324 millions de dollars d’une durée de 25 ans et financé à hauteur de 51% par Sonatrach, de 26,4% par Total et de 22,6% par Repsol, pour maintenir la production du champ de Tin Foyé Tabankort, qui s’élève actuellement à plus de 80.000 barils équivalent pétrole/jour, pendant six (6) ans, soit 3 milliards de m3/an de gaz, et de récupérer des réserves additionnelles d’hydrocarbures.
De surcroît, le groupe algérien et Total se sont accordés pour l’exploration et l’évaluation du potentiel pétrolier du bassin offshore algérien.
Allant au delà des hydrocarbures, les deux parties ont signé un autre accord pour identifier de nouvelles opportunités de projets dans le domaine des énergies renouvelables.
Dans son ambition d’élargir davantage ses activités à l’international, Sonatrach a acquis la raffinerie d’Augusta (Sicile) à la faveur d’un accord conclu avec ESSO Italiana (ex. filiale du groupe américain ExxonMobil).
Cette transaction inclut aussi les trois terminaux pétroliers de Palerme, Naples et Augusta, ainsi que des participations dans des pipelines reliant la raffinerie aux différents terminaux.
Grâce à cette filiale italienne de raffinage de Sonatrach, dénommée “Sonatrach Raffineria Italiana Srl”, le système de raffinage de Sonatrach est, désormais, renforcé d’une capacité de raffinage supplémentaire de 10 millions de tonnes/an.
Cette capacité de raffinage place cette raffinerie deuxième parmi les positions de Sonatrach en matière de capacités après la raffinerie de Skikda (16 millions de tonnes/an).
Cette même acquisition permettra à Sonatrach de combler son déficit local en gas oil et en essence et de vendre sur les marchés internationaux les produits excédentaires.
La raffinerie d’Augusta permettra de couvrir les déficits algériens en essences et en gas oil, et ce, même dans l’hypothèse d’un décalage de 2 années dans la mise en service des nouveaux projets de reforming de naphta, du projet d’hydrocrackage de fuel à Skikda et de la nouvelle raffinerie de Hassi Messaoud.
Cap sur le renforcement de la pétrochimie et la transformation du phosphate
Outre les activités en amont des hydrocarbures, l’Algérie entend renforcer son industrie pétrochimique pour mieux valoriser ses ressources énergétiques.
C’est dans ce sens qu’un mémorandum d’entente a été signé entre Sonatrach et Total pour créer une société mixte chargée de la réalisation, le développement et l’exploitation d’un complexe de déshydrogénation du propane et de production du polypropylène (PDH-PP).
D’une capacité de production de 550.000 tonnes/an de polypropylène, ce projet pétrochimique, d’un montant d’investissement de l’ordre de 1,5 milliard de dollars, comprendra une usine de déshydrogénation de propane (PDH), une unité de production de polypropylène et une unité logistique à la pointe de la technologie.
Il s’agit du premier projet de polypropylène en Algérie et du deuxième projet de pétrochimie après celui réalisé dans les années 1970.
Aussi, un pacte d’actionnaires entre Sonatrach et le groupe turc Ronesans Holding a été conclu pour la réalisation d’un complexe pétrochimique en Turquie.
D’un coût d’investissement de 1,2 milliard de dollars, il s’agit d’un complexe pétrochimique de transformation du propane en polypropylène qui est une matière plastique utilisée par de nombreuses industries dont celles notamment de l’automobile, du textile et de la pharmacie, et ce, d’une capacité de production de 450.000 tonnes/an de polypropylène.
A cela s’ajoute la signature d’un accord de partenariat entre les groupes Sonatrach et Asmidal-Manal, et les groupes chinois dirigés par la Société Citic pour la réalisation d’un projet intégré d’exploitation et de transformation du phosphate et du gaz naturel des gisements de la région de Bled El-Hadba (Tébessa).
Mobilisant un volume d’investissement de six (6) milliards de dollars, le complexe de phosphate devra être opérationnel en 2022, sachant qu’il garantira des revenus en devises à hauteur de 1,9 milliard de dollars/an.
Alors que la loi sur les hydrocarbures en vigueur fait l’objet d’une refonte, Sonatrach, à travers sa stratégie à l’horizon 2030 (SH 2030), vise à devenir une des cinq premières compagnies pétrolières internationales.
Il s’agit de diversifier les sources d’énergie en allant vers des activités nouvelles telles l’offshore et le gaz de schiste, en passant par le développement d’une industrie pétrochimique, l’augmentation des exportations algériennes de gaz naturel, notamment vers l’Asie, et l’exploitation de nouveaux champs gaziers pour augmenter les capacités productives.
Cette stratégie concerne également la révision de processus Ressources humaines pour rendre les carrières plus attractives, et l’implémentation d’une série d’outils digitaux pour obtenir des gains opérationnels.
Sur un autre chapitre, Sonatrach a entrepris en 2018 des négociations commerciales avec certains pays européens pour revoir les contrats de fourniture du gaz qui arrivent à terme.
Certaines de ces négociations ont été couronnées par la signature avec la compagnie espagnole Gas Natural Fenosa, des accords portant sur le renouvellement des contrats de vente et d’achat de gaz naturel à destination de l’Espagne, et ce, jusqu’en 2030.
Le groupe algérien a également signé avec Eni un accord dans lequel les deux parties ont convenu d’entreprendre une négociation commerciale avec l’objectif d’évaluer la prorogation de la fourniture du gaz au-delà de l’échéance contractuelle en 2019.