L’allégeance prêtée à l’Emir Abdelkader il y a 188 ans, est une occasion pour remémorer “le message éternel” tant prôné par l’Emir depuis la création de l’Etat algérien, en l’occurrence “l’unité nationale”, a affirmé sa descendante Zehour Assia Boutaleb, Secrétaire générale (SG) de la Fondation hyponyme, à la veille de l’anniversaire célébrant cet évènement marquant dans l’histoire de l’Algérie.
“L’unité nationale que l’Emir a défendue puise sa force de l’attachement du peuple algérien à ses constantes nationales. Cette unité demeurera éternelle car elle a été soigneusement portée par les générations qui n’ont pas hésité à prendre les armes dès le début de la résistance populaire contre le colonisateur français”, a déclaré Mme Boutaleb dans un entretien à l’APS.
Parmi les étapes marquantes de l’histoire de l’Algérie, l’allégeance à l’Emir Abdelkader, le 27 novembre 1832, sous l’arbre mythique de Derdara à Ghris dans la wilaya de Mascara, suivie d’une seconde allégeance, celle du 4 février 1833, prêtée dans la mosquée de Sidi Hacène, toujours à Ghris, à l’issue de la tenue d’un Conseil général auquel ont assisté des délégations de notables, chefs de tribus et de la population.
Selon Mme. Boutaleb, l’unité nationale que l’Emir a défendue puise sa force de l’attachement du peuple algérien à ses constantes nationales. Cette unité demeurera éternelle car elle a été soigneusement portée par les générations qui n’ont pas hésité à prendre les armes dès le début de la résistance populaire contre le colonisateur français.
Le message de l’Emir a été, depuis, préservé jusqu’au déclenchement de la Guerre de libération nationale et continue à être mis en valeur aujourd’hui dans le cadre de l’Algérie nouvelle, a-t-elle souligné.
En sa qualité de SG de la Fondation de l’Emir et plus particulièrement en tant que sa descendante, Mme. Boutaleb a jugé nécessaire de consacrer la journée du 27 novembre à l’Emir Abdelkader, date à laquelle “l’Algérie avait commencé à affronter les forces de l’occupation en tant qu’Etat à part entière qui n’appartenait plus à la Porte des canons ou Topkapi, autrement dit à l’empire ottoman”.
L’histoire de l’Emir est intrinsèquement liée au passé de l’Algérie et devra être écrite en dorure, en ce sens que Nasreddine, comme l’appelait son père Mahieddine, s’est acquitté de la noble mission de “défendre l’islam et l’Algérie contre un Etat qui s’adonnait à l’expansion du christianisme par tous les moyens”.
D’où l’idée de l’Emir de porter “un drapeau vert et blanc frappé du signe d’une main, en allusion au verset + la main d’Allah est au-dessus de leurs mains+”, a-t-elle fait savoir.
Passant en revue les hauts faits de l’Emir Abdelkader, Mme Boutaleb a rappelé que son aïeul avait combattu la France, 17 années durant, “menant 116 batailles contre 122 généraux français, 16 ministres français de la Guerre et 5 des fils du Roi Louis- Philippe”. Rien que pendant la bataille de la Mecta, l’armée de l’Emir Abdelkader a réussi à tuer 1.500 français.
Parallèlement à sa guerre contre le colonisateur français, l’Emir et son armée de près de 1.200 moudjahid avaient été attaqués, en 1847, par l’armée du Sultan du Maroc constituée de 55.000 soldats. A son retour en Algérie, 125.000 soldats français l’attendaient.
Mme Boutaleb qui a salué la grandeur de l’Emir Abdelkader “descendant du noble prophète de l’Islam” et qui est “parmi les cents grandes personnalités ayant changé le cours de l’Histoire”, a demandé à ce que l’on préserve son histoire et ses mémoires de “la falsification et de la profanation”, étant un symbole national, a-t-elle soutenu.
Fustigeant “les ignorants” qui méconnaissent la valeur de l’Emir Abdelkader, “cet homme de religion tolérant et défenseur des droits de l’Homme”, Mme Boutaleb a rappelé “ses hautes valeurs morales dans son traitement des prisonniers de guerre Français et sa protection des chrétiens en Syrie en 1860”.
Répondant, par ailleurs, à la prétendue appartenance de l’Emir à la franc-maçonnerie, Mme Boutaleb dira que l’Emir Abdelkader avait été destinataire de messages de félicitations de la part de plusieurs Etats et institutions internationales, entre autres, la franc-maçonnerie dont l’émir ignorait même l’existence.
A ce propos, Mme Botaleb explique que les représentants de la franc-maçonnerie ont présenté leur organisation comme caritative, ce à quoi l’émir répondit “Nous œuvrons tous pour le bien”. Une réponse qui a été exploitée par la même organisation qui y a vu “une occasion pour accéder au Machrek”.
Rappelant que l’Emir ne s’intéressait point aux postes de responsabilités qui lui avaient été offerts, la SG de la Fondation a fait savoir que les anglais et les français voulaient le nommer Sultan des arabes. “Après avoir accompli le petit Djihad, il me reste le grand Djihad, celui du savoir et de la plume”, a-t-il répondu à ce propos.
Conscient de l’importance de la justice pour l’édification de l’Etat, l’Emir Abdelkader procéda à la nomination du Kadi El Hamdouchi et bien d’autres juste après la déclaration d’allégeance à la mosquée de Mascara.
Porteur d’un projet culturel visant la généralisation de l’éducation parmi les algériens, l’Emir Abdelkader a œuvré à la collecte des manuscrits dans l’objectif de construire une bibliothèque maghrébine. Il a également encouragé ses soldats à l’apprentissage ainsi que la transcription du saint Coran.
En dépit des conditions difficiles que traversait la résistance, l’Emir a consacré l’accès gratuit à l’éducation et assuré une bourse aux étudiants pour les encourager dans leur quête du savoir.
La “Zmalet”, ville fondée par l’Emir Abdelkader, fut une capitale de la culture et un modèle d’assimilation inégalé traduisant ainsi la vision de l’Emir sur le vivre-ensemble, le système civique et l’unité nationale.
Source APS