Les participants au séminaire économique international sur l’investissement en Afrique, organisé mardi en visioconférence, ont affirmé que la transition économique dans le continent passe d’abord par la réalisation de l’autosuffisance dans les secteurs stratégiques.
La transition économique est à appréhender, à la lumière de la rude concurrence dans le monde, dans le cadre d’une approche nationale intégrée, au niveau de chaque pays et au niveau régional, avec des plans pour atteindre l’autosuffisance dans trois secteurs clés, à savoir l’alimentation, le médicament et l’enseignement, a indiqué dans ce sens l’expert en économie international, Talal Abu-Ghazaleh.
Intervenant lors du séminaire, organisé par le Centre arabe africain d’investissement et de développement (CAAID), un Bureau d’études algérien privé, sur le thème “Coronavirus et la transition économique dans le continent africain”, Dr Abu Ghazaleh a souligné l’importance cruciale d’une telle démarche pour protection du pays sur les plans économique, financier et politique, et en tant que facteur d’essentiel pour anticiper les crises.
Dans le même sens, l’expert a évoqué l’importance de l’innovation dans les plans de transition économique, appelant à transformer les innovations en produits à valeur ajoutée, et partant à les commercialiser.
Concernant la conjoncture économique mondiale, il a expliqué que l’on est face à la plus grande récession dans l’histoire de l’humanité, précisant que la reprise ne saurait être envisagée avant 2024, soit dans trois ans au minimum.
“Il faut mettre à profit cette période pour concrétiser la transition économique escomptée dans les pays arabes et africains”, a-t-il préconisé.
Et d’ajouter : “nous devons focaliser sur l’optimisation des capacités, et ne pas céder au désespoir, car si notre situation est déplorable, celle des pays occidentaux est encore pire. Il faut se dire que l’on est face à un défis et que l’on parviendra à le relever”.
Pour l’ancien ministre des Finances, Abderrahmane Ben Khalfa, la pandémie Covid-19 a révélé que les pays africains étaient en dehors de la chaîne des valeurs internationale, en ce sens, a-t-il expliqué, que la valeur ajoutée est produite à l’extérieur de ces pays, ce qui constitue “un danger réel pour eux”.
Il a mis en garde, à ce propos, contre la stagnation des industries stratégiques et la circulation des marchandises à travers le monde, d’où des risques pour l’approvisionnement de la population africaine en produits alimentaires.
Cette pandémie a mis en avant, en outre, l’importance des regroupements régionaux, a relevé encore l’expert financier algérien qui a ajouté que l’impact a été moindre pour les pays aux économies intégrées.
Face à ce constat, Ben Khalfa a estimé primordial pour les pays africains de réactiver leurs projets d’intégration régionale, “désormais garant de pérennité” parallèlement à des réformes visant une reconfiguration économique “fondamentale”.
“Certes les répercussions de la pandémie sur le plan sanitaire ont été moins graves dans le continent africain mais la stagnation a été plus grande, d’où l’impératif d’un décollage économique avec plus d’audace et différents outils de gouvernance, à la lumière de cette pandémie avec laquelle il faut apprendre à vivre”, a-t-il poursuivi.
La pandémie, une opportunité pour une nouvelle vision du développement durable
Le Secrétaire général du Conseil de l’unité économique arabe (CAEU) relevant de la Ligue arabe, Mohammed Al-Rabie, a estimé que la pandémie du Coronavirus était une opportunité pour se réveiller et élaborer une nouvelle vision, partant d’une évaluation objective de la mise en œuvre, dans la région, des objectifs du développement durable (ODD) fixés par l’ONU.
Soulignant que “les expériences du passé montrent que le travail collectif est un facteur de réussite”, il a plaidé pour la récupération des capitaux arabes colossaux à l’étranger, “qui ne sont plus en sécurité au vu des répercussions de la pandémie”, et de les injecter sous formes d’investissements favorisant l’intégration régionale.
De son côté, le représentant de la Commission de l’Union africaine (UA), Hussein Hassan, a déclaré que la conjoncture économique actuelle implique plus que jamais la cristallisation d’une vision commune pour faire face aux défis, dans toutes leurs dimensions.
La pandémie a montré un intérêt croissant de la part des économies développées pour le partenariat avec le continent africain, a-t-il soutenu, appelant à tirer profit de la situation actuelle pour construire des complémentarités avec “les partenaires du développement” sur la base d’avantages comparatifs.
Abondant dans le même sens, l’expert économique syrien établi en Turquie, Ghazwan Al-Masri, a évoqué des opportunités à explorer à la lumière de la pandémie Covid-19, estimant que la reprise économique suivra cette conjoncture de récession mais elle se fera sur de nouvelles bases.
En conséquence, il a prévu que les pays s’orienteront davantage vers l’industrialisation locale et la réduction de la dépendance aux circuits d’approvisionnement mondiaux avec une focalisation sur l’autosuffisance, mettant l’accent sur l’impératif de viser la sécurité sanitaire, par la production du matériel médical et produits pharmaceutiques, notamment les médicaments essentiels, outre l’encouragement du numérique et de l’intelligence artificielle.
Dans le même sillage, le président de l’Union arabe pour l’économie digitale, Abdelouahab Ghouneim a affirmé que le digital était l’axe le plus important de la transition économique, appelant à rattraper le retard accusé dans la région, en favorisant, notamment les échanges commerciaux électroniques.
L’économie numérique interarabe représente 110 milliards USD, soit près de 4% de la valeur totale des économies de la région, tandis que sa valeur mondiale est estimée à 13 billions USD, soit 15% de l’économie mondiale, selon les chiffres présentés par M. Ghoneim.
Source APS