Transsaharienne : d’importants chantiers en cours pour moderniser la route de l’unité africaine
Le tronçon algérien de la Transsaharienne sur plus de 3.000 km, enregistre d’importants travaux pour la transformer en autoroute Nord-Sud, parallèlement à des extensions dans l’extrême sud pour désenclaver plusieurs localités de l’Ahaggar, haut lieu de tourisme saharien.
Totalement achevée il y a plusieurs années sur l’axe Alger-Tamanrasset (Route nationale N°1), cette grande route africaine sera l’une des voies express Nord-Sud conçues pour mieux desservir les hauts plateaux et le grand sud, pourvus jusque-là de réseaux routiers de faibles capacités.
Il s’agit dans le cadre de ces travaux de modernisation de la Transsaharienne de réaliser deux axes routiers : Silet-Timiaouine (une première tranche de 160 km) et Silet-Tin-Zaouatine sur une distance de 367 km dans la wilaya de Tamanrasset.
En tout, quatre milliards de dinars ont été consacrés à ces deux extensions de la Transsaharienne, livrables dans deux années. Une fois mises en services, ces deux liaisons routières sahariennes seront appelées à rendre meilleures les conditions de déplacement des populations locales tout en donnant un coup d’accélérateur au tourisme, un secteur-clé pour l’économie de la région.
Développer l’investissement et les échanges commerciaux dans ces régions frontalières avec le Mali et le Niger est l’objectif principal du nouveau programme destiné à conférer un rôle économique plus important à la Transsaharienne.
Celle-ci avait été conçue dès son lancement dans les années 1960 pour renforcer les échanges économiques entre les pays du Maghreb et du Sahel.
La Transsaharienne traverse outre l’Algérie (3.400 km), la Tunisie (900 km), le Mali (1.974), le Niger (1.635 km), le Tchad (900 km) et le Nigeria (1.131 km).
Composée d’un axe central Nord-Sud qui s’étire d’Alger à Lagos sur environ 4.000 km, la Transsaharienne a été conçue pour desservir toute la sous-région du Maghreb et du Sahel à travers quatre branches reliant deux capitales maghrébines (Alger et Tunis) à quatre capitales sub-sahariennes à savoir Bamako, Niamey, N’Djamena et Lagos.
Un bilan établi par le Comité de liaison de la route Transsaharienne (CLRT) relève que l’Algérie a réalisé la totalité de sa section tout en contribuant au financement et la réalisation des études de la section nigérienne (230 km), le dernier tronçon qui reste à réaliser.
L’Algérie a investi plus de 200 milliards de DA (environ 3 milliards de dollars) pour terminer et développer le tronçon de la Transsaharienne situé sur son territoire au titre des programmes 2005-2009 et 2010-2014.
Rentabiliser la route de l’Unité africaine
Le Nigeria a achevé sa section (1.131 km) dont la moitié est aménagée en voie rapide, tout comme la Tunisie qui a achevé les travaux de bitumage de la partie restée en piste d’un tronçon de 569 km, tandis que le Mali a réalisé 1.236 km de route bitumée sur un programme prévoyant le revêtement de 1.974 km.
La section traversant le Niger a aussi été achevée sur un linéaire de 740 km entre la frontière algérienne et la ville d’Arlit (Nord), alors qu’au Tchad un petit tronçon seulement est revêtu sur les 600 km de la section de la Transsaharienne traversant ce pays.
Mais aujourd’hui, se pose le problème de rendre rentable sur les plans économique et social cette infrastructure, un objectif devenu un défi majeur pour les six pays traversés par la Transsaharienne, une infrastructure pour laquelle une instance a été créée, le Comité de liaison de la Transsaharienne (CLRT), présidé par l’Algérie.
C’est ainsi que le CLRT a plaidé en faveur d’un plan d’aménagement visant les localités situées le long de la Transsaharienne en vue de résoudre le "problème" du "retard socio-économique accusé par les régions sahariennes handicapées par un climat rude et l’éloignement des capitales et des grands centres de vie", explique Mohamed Ayadi, secrétaire général du comité.
"La route ne suffit pas à elle seule pour améliorer la situation économique et augmenter significativement le niveau des échanges commerciaux, c’est pour cela qu’il faut créer une instance de promotion des échanges commerciaux entre les pays associés de ce projet", avait recommandé M. Ayadi dans une déclaration à l’APS.
S’agissant des résultats d’une étude du CLRT menée en 2009, il affirme que les échanges commerciaux de l’Algérie avec les cinq pays qui partagent la Transsaharienne "sont très faibles".
Il précise à ce propos que 80% du volume du commerce de l’Algérie avec les pays membres du CLRT se fait avec la Tunisie, selon des statistiques de 2008. Cela "signifie que le flux d’échange routier n’emprunte pas l’axe central de la Transsaharienne reliant Alger à Lagos, mais les liaisons avec la Tunisie", relève-t-il.
Néanmoins, ces échanges sont un peu plus importants entre le Niger et le Nigeria à travers la Transsaharienne, puisque 20% du volume du commerce extérieur nigérien se fait avec le Nigeria, a-t-il ajouté.