Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a appelé dimanche, à Alger, les cadres et les agents de l’administration centrale et locale à mettre en œuvre un nouveau mode de gouvernance en rupture avec les pratiques du passé, pour “rétablir la confiance perdue” des citoyens.
S’exprimant devant les participants à la rencontre gouvernement-walis, le Président de la République a souligné que les walis sont tenus “d’opérer un changement au niveau local, rompre définitivement avec les anciennes pratiques en se rapprochant des citoyens, afin de briser le cloisonnement créé par le passé entre le citoyen et l’Etat”.
Le chef de l’Etat a appelé à une synergie des efforts pour prendre en charge les aspirations des citoyens et leurs attentes en matière de développement, à travers l’adoption d’un nouveau mode de gouvernance “assaini de la corruption et de l’autoritarisme”.
Le Président Tebboune a mis l’accent dans ce sens sur la nécessité de poursuivre “avec rigueur” la lutte contre la corruption et l’abus de fonction, dénonçant ce qu’il a qualifié de “petite corruption” qui porte atteinte au citoyen, “en droit, a-t-il fait valoir, de bénéficier des services de l’administration et de demander les documents dont il a besoin sans qu’une quelconque compensation ne lui soit exigée en contrepartie”.
Il a, en outre, instruit les responsables centraux et locaux de lutter contre le gaspillage dans les dépenses publiques, qui doivent être affectées au règlement des problèmes de développement et non pas à des travaux sans intérêt, mettant en exergue la nécessité de maitriser et de contrôler les marchés publics.
“Les trottoirs sont parfois rénovés tous les six mois alors que le citoyen habitant à quelques kilomètres du chef-lieu de la wilaya manque d’eau et d’électricité”, a-t-il relevé pour illustrer cette incohérence.
Sur la question sensible du logement, le Président Tebboune a ordonné l’unification du Fichier national du logement pour englober les différentes formules en vue de parvenir à une distribution équitable.
Au chapitre du développement, le Président de la République a annoncé l’affectation, en avril et mai prochains, d’une enveloppe financière supplémentaire de 100 mds DA au profit des communes afin de booster le développement local.
La situation prévalant dans certaines régions du pays est “inacceptable car nous disposons de tous les moyens nécessaires pour y remédier”, a-t-il considéré, insistant sur la répartition équitable des ressources entre les différents régions du pays.
Nouvelles mesures pour renforcer la gestion décentralisée des collectivités
En matière de gouvernance locale, le chef de l’Etat a indiqué que le gouvernement examinait de nouvelles mesures juridiques en faveur du renforcement de la gestion décentralisée des collectivités, le mode de gestion actuel ayant “montré ses limites”.
Le Président de la République a annoncé, en outre, qu’une loi criminalisant le non-paiement des impôts était en préparation, au regard du grand préjudice occasionné par cet état de fait à l’économie nationale. “Certains prétendent être parmi les plus riches de ce pays, alors qu’ils figurent en bas du classement des contribuables, tandis que le fonctionnaire, lui, s’acquitte de ses impôts par retenue sur salaire”, a-t-il observé.
Le chef de l’Etat a cité, dans le même ordres d’idées, les créances bancaires de certains investisseurs ayant dépassé 1.000 milliards DA à janvier 2020 et dont les remboursements ne sont toujours pas effectués, alors que ces créances constituent une source de financement de l’économie nationale.
Sur un autre registre, le Président Tebboune a salué le Hirak, mouvement citoyen qui a prémuni l’Etat national de l’effondrement, rappelant avoir réitéré, à l’issue de son élection à la magistrature suprême, son engagement à opérer un changement radical, pour satisfaire ses revendications.
“Il y a de cela une année, les citoyens et citoyennes sont sortis dans un Hirak béni pacifique, sous la protection de l’Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN), pour revendiquer le changement et rejeter, pacifiquement, l’aventure qui a failli conduire à l’effondrement de l’Etat national et de ses piliers, pour retomber dans la tragédie vécue lors des années 90”, a-t-il affirmé.
La révision de la Constitution jettera les bases de la Nouvelle République
Le chef de l’Etat a souligné qu’il était temps de concrétiser les engagements pris lors de la campagne électorale de la présidentielle du 12 décembre, “sans aucune exclusion ou marginalisation”, soutenant qu’il œuvrera avec “toutes les parties pour tourner la page du passé et instaurer la Nouvelle République avec un nouvel esprit et une nouvelle approche”.
Situant la révision de la Constitution comme étant l’un des principaux instruments pour jeter les bases de la Nouvelle République, M. Tebboune a affirmé qu'”il n’existe aucune restriction” à cette révision, hormis ce qui a trait à l’unité et à l’identité nationales.
Le président de la République a indiqué que, dès sa finalisation, la première mouture de la révision constitutionnelle sera distribuée à tous afin que la Constitution soit “consensuelle”, estimant que “tout un chacun est en droit d’émettre un avis, négatif ou positif”, sur ce document.
La prochaine Constitution “consacrera la séparation des pouvoirs, pour définir les missions de chacun. Cela nous permettra de rompre avec les anciennes pratiques et les dérives autocratiques”, a-t-il assuré, notant que la Loi fondamentale est à “la base de la gouvernance dans tous les systèmes” politiques.
La révision constitutionnelle prévue intervient dans le cadre de la “nouvelle politique que nous voulons adopter pour opérer le changement”, a-t-il dit, ajoutant qu’il fallait “bâtir ensemble une démocratie réelle et solide, ni conjoncturelle ni sur mesure”.
Il a mentionné, dans ce cadre, la création éventuelle d’une Cour constitutionnelle indépendante qui se prononcera sur les litiges opposant les différents Pouvoirs”, et, ensuite, l’amendement de la loi organique relatif au régime électoral, dans une démarche visant à “écarter l’argent sale et les corrompus de la politique” et permettre “l’émergence d’une nouvelle classe politique de jeunes”.
Le code électoral sera révisé de manière à parvenir à des “institutions élues irréprochables, disposant de prérogatives constitutionnelles, en mesure de demander des comptes à qui que ce soit, et d’aborder les dossiers qui intéressent l’opinion publique”, a encore affirmé le président Tebboune.
Source APS