Le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Tayeb Zitouni, a affirmé mardi à Alger que l’adoption du 8 mai de chaque année comme Journée nationale de la Mémoire, permettra de “préserver la mémoire de la nation durant cette halte historique d’envergure”.
“L’adoption de cette date comme Journée nationale contribuera au maintien de cet anniversaire tragique qui a fait des meilleurs enfants de la patrie des martyrs partout sur le sol algérien, parmi ceux qui étaient sortis dans des manifestations énormes et pacifiques pour rappeler à la France ses engagements et ses promesses à l’époque”, a précisé M. Zitouni lors de la présentation du projet de loi portant adoption du 8 mai 1945 comme Journée nationale de la Mémoire, devant les membres de la Commission des Affaires juridiques et administratives et des libertés à l’Assemblée populaire nationale (APN), en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Besma Azouar.
Cependant, “le colonisateur français n’a pas hésité à réprimer les manifestants à travers une campagne féroce ayant fait des dizaines de milliers de victimes qui ont subi les formes de torture, de punition, de brutalité et de carnage les plus horribles qui demeureront une marque d’infamie sur le front des forces coloniales”, a-t-il soutenu.
Qualifiant, dans ce sens, le projet de loi de”pierre maîtresse à même de préserver le message sacré hérité de nos valeureux martyrs qui ont tracé, de leur sang pur, la voie de la liberté et de l’indépendance”, le ministre a affirmé qu’il était “de notre devoir de s’attacher aux nobles valeurs novembristes et aux idéaux auxquels nous avons œuvré à inculquer dans la conscience, par des efforts visant à protéger la mémoire de la nation et préserver son héritage historique et culturel lié à la résistance populaire, au mouvement national et à la glorieuse révolution du 1er Novembre”.
Zitouni a tenu à rappeler les propos du président de la République dans son message à l’occasion de la célébration du 75ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945 : “c’est parce que notre Histoire demeurera toujours au premier plan des préoccupations de l’Algérie nouvelle et de sa jeunesse, une Histoire que nous ne saurions, en aucun cas, omettre dans nos relations étrangères, j’ai pris, à cette occasion, la décision d’instituer le 8 mai de chaque année, Journée nationale de la Mémoire.
Une démarche qui intervient donc, selon le ministre, en application de la décision du président de la République, en vue de consacrer la date du 8 mai 1945 comme Journée nationale de la Mémoire, pour qu’elle soit célébrée à l’instar de toutes les autres journées et fêtes nationales partout en Algérie, “en hommage aux martyrs des massacres et en commémoration de leurs positions héroïques et historiques”.
A ce propos, M. Zitouni a insisté sur l’importance d’organiser des activités et des manifestations nationales et locales, voire même à l’étranger, afin de valoriser “notre héritage historique et le transférer à la jeunesse de l’Algérie indépendante pour préserver la nation et fortifier son lien avec la patrie et son glorieux passé riche de haltes, de hauts faits et d’événements historiques, témoins des sacrifices de nos aïeux pour arracher la liberté et l’indépendance dont nous jouissons aujourd’hui”.
Pour sa part, la présidente de la Commission des affaires juridiques et administratives et des libertés, Mme Souad Lakhdari, a qualifié ce projet de loi de “jalon essentiel pour la préservation de la Mémoire de la Nation”, souhaitant qu’il permette aux historiens et écrivains de donner le meilleur d’eux-mêmes dans le récit historique qui dévoilera aux générations montantes toutes les formes d’injustice, de persécution, de marginalisation, d’esclavage ainsi que toutes formes de souffrances faites aux aïeux durant l’ère coloniale.
Dans leurs interventions, les membres de la commission ont insisté sur l’entrée en vigueur du projet de loi criminalisant le colonialisme, appelant à déployer les efforts pour récupérer les archives nationales et les crânes des chouahada qui se trouvent dans des musées en France, à trouver des solutions à la question des disparus et à indemniser les victimes des essais nucléaires français dans la région du Sahara.
Répondant aux interrogations des membres de la commission, le ministre a souligné que “la mémoire nationale est placée au cœur des préoccupations du gouvernement”, cela étant “un devoir national sacré et un serment fait aux vaillants martyrs qui ont accompli pleinement leur devoir envers leur patrie”, exprimant “sa disposition à mettre en œuvre le projet de loi criminalisant le colonialisme pour préserver la mémoire de la Nation”.
Dans ce sens, M. Zitouni a appelé les députés de l’assemblée à “se rapprocher des écrivains, historiens et chercheurs pour s’enquérir des crimes coloniaux à l’effet d’enrichir ce projet”, rappelant “les efforts consentis jusque-là pour récupérer les archives nationales et les crânes des victimes de la résistance populaire se trouvant au Musée de l’Homme à Paris ainsi que les questions des disparus et des victimes des essais nucléaires”.
Dans son intervention, le ministre a insisté sur l’impératif de l’écriture de l’histoire de la lutte du peuple algérien, allant de la résistance populaire jusqu’au déclenchement de la guerre de libération, la célébration des fêtes nationales, la révélation des crimes coloniaux perpétrés contre nos aïeux, la préservation de la mémoire de la Nation, en hissant le niveau d’enseignement de la matière de l’histoire dans le système éducatif pour ancrer la mémoire dans la conscience des générations montantes.
Source APS