Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a déclaré mardi que le maintien de la paix et la sécurité au Mali, en Libye et dans tous les pays voisins, relevait de “l’intérêt stratégique” de l’Algérie qui s’apprête, par ailleurs, à organiser un référendum sur la révision de la Constitution, devant marquer “un lien entre le passé et le futur de la nouvelle Algérie”.
Dans un entretien qu’il a accordé à la chaîne France 24, M. Boukadoum a évoqué notamment les relations algéro-françaises, la crise libyenne, les troubles au Mali et la situation sanitaire liée à l’épidémie Covid-19 et le prochain référendum sur la révision constitutionnelle, prévu le 1er novembre prochain.
Sur le registre des relations algéro-francaises, le ministre souhaite “des relations apaisées” entre l’Algérie et la France qui tiennent compte de l’aspect historique.
“Les relations personnelles excellentes du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avec son homologue français, Emmanuel Macron, prêtent à l’optimisme”, a-t-il fait valoir.
A ce titre, M. Boukadoum a pris note de la désignation de deux historiens pour travailler ensemble à la résolution des désaccords liés à la mémoire algéro-française, Benjamin Stora pour la France et Abdelmadjid Chikhi pour l’Algérie.
“Nous allons de l’avant, pour ce qui a trait notamment aux archives, aux essais nucléaires à Reggane dans le Sud”.
Pour le ministre, le rapatriement des crânes des 24 héros de la résistance algérienne “est un geste qui va ouvrir la voie à d’autres mesures du genre”.
A une question liée à une éventuelle visite d’Etat du président Tebboune en France, le ministre dira : “Nous n’avons pas de date pour des raisons simples, à savoir, l’épidémie de Covid-19”.
La visite du Président doit intervenir, explique le ministre, après une préparation avec son homologue français, et à d’autres niveaux de responsabilités.
Pour ce qui est de l’ouverture des frontières, il insiste que la décision revient au comité scientifique qui recommande des mesures au gouvernement selon les données et suivant ses propres critères.
L’Accord de paix au Mali n’est pas caduc
Par ailleurs, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que le changement opéré au Mali est non-constitutionnel et contraire aux principes de l’Union africaine (UA) et la Déclaration d’Alger qui bannit les changements non-constitutionnels”.
“Nous ne souhaitons pas que le peuple malien souffre davantage. C’est trop pour lui”, a-t-il fait remarquer, soulignant l’impératif d’”une transition la plus courte possible”.
Dans la conjoncture actuelle, le ministre présente l’Accord de paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, comme “la meilleure voie pour régler les problèmes notamment au Nord du pays”.
“Ce n’est pas caduc avec la nouvelle conjoncture”, a-t-il fait valoir. “Les Maliens eux-mêmes, les parties faisant partie de la médiation, Américains, Européens, Union africaine, CEDEAO, en plus de l’Algérie en tant que chef de file, le disent aussi”.
Pour le ministre, le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Mali, le règlement de la crise en Libye et le maintien de la paix et la sécurité dans les pays voisins relevaient de “l’intérêt stratégique de l’Algérie, celui de protéger les Algériens”.
S’agissant de la crise libyenne, “en Algérie c’est clair, nous ne voulons pas, nous ne souhaitons pas et nous demandons à ce qu’il y ait cessation complète de l’envoi d’armes en Libye quelle que soit la partie qui le fait”, a-t-il indiqué.
A l’occasion, il a rappelé que l’Algérie était le premier pays à dire qu’il fallait cesser les livraisons d’armes à différentes parties libyennes bien avant la Conférence de Berlin, en qualifiant la situation de “guerre par intermédiaire”.
“Ce n’est pas utile, ce n’est pas opportun et c’est illégal”, a-t-il fustigé, arguant que cela était la demande des pays voisins, et que l’une des recommandations de la conférence de Berlin était de cesser immédiatement le déversement des armes, ceci en sus de la résolution des Nations Unies qui l’interdit aussi.
Il a rappelé, à cet égard, que les Européens ont fait une certaine démarche avec leur initiative pour (IRINI) pour faire respecter l’embargo sur les armes imposé à la Libye, pour le Nord. Mais, pour le ministre “il faut que ça touche partout”, a-t-il plaidé.
A ce sujet, il a estimé qu’il existait de fortes chances pour les démarches de règlement en cours d’aboutir.
Pour ce faire, a dit le ministre: “Nous devons convaincre d’abord toutes les parties libyennes. Il n’y pas que deux (parties), les autorités à l’Est et à l’Ouest comme le désigne le schéma habituel”. Au niveau libyen, le ministre a relevé “une bonne écoute”.
“Il faut qu’on arrive à les convaincre de la nécessité de miser sur le dialogue pour régler les problèmes qui existent entre eux”, a-t-il soutenu.
“Nous sommes convaincus que cela est possible nous avons la même approche avec les pays voisins, dont la Tunisie. Nous souhaitons que l’Egypte, autre pays voisin, adhère à cela, et c’est bien le cas dans une certaine mesure”, a-t-il enchaîné.
Et de rappeler à ce titre: “Nous avons pris l’initiative il y a environ six mois d’associer tous les pays dans le grand voisinage, en Afrique et en Europe, dont les Italiens, les Maltais et les Grecs, et tous ceux qui ont un intérêt particulier pour la Libye. Ils nous écoutent avec beaucoup d’attention”.
Source APS