Des professeurs et experts algériens ont affirmé, jeudi, que les déclarations du Secrétaire d’Etat américain, M. Antony Blinken, sur le conflit dans le Sahara occidental traduisaient la position américaine concernant cette question conformément aux résolutions de la légalité internationale reposant sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
“Les déclarations faites par M. Antony Blinken, mercredi à Alger, reflètent les orientations de l’Etat américain, auteur de la décision récente relative au renouvellement du mandat de la Minurso et réaffirmé les résolutions précédentes des Nations unies sur le conflit dans le Sahara occidental, étant une question de décolonisation”, a fait savoir M. Mohand Berkouk, expert en affaires stratégiques et sécuritaires, dans son intervention au forum de Radio Internationale consacré aux développement de la situation dans le Sahara occidental et ses répercussions sur la stabilité de la région.
Selon M. Berkouk, la résolution a réitéré que la Minurso reposait sur 3 principes essentiels, à savoir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, que la question sahraoui concernait deux parties, en l’occurrence, le Maroc et le Front Polisario et que la Minurso avait été créée pour l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination”.
Le Secrétaire d’Etat américain a réitéré, mercredi, son soutien aux efforts de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura pour l’activation du processus politique supervisé par les Nations unies dans le souci de parvenir à une solution pérenne permettant de garantir un avenir pacifique au peuple sahraoui et à la région tout entière.
Selon M. Barkouk, la position des Etats-Unis, telle que réitérée par le secrétaire d’Etat américain, est en totale contradiction avec le tweet de l’ancien président américain Donald Trump, le 10 décembre 2020, concernant la reconnaissance de la prétendue “souveraineté” du Maroc sur le Sahara Occidental, rappelant à cet égard que “toutes les résolutions onusiennes et internationales au Sahara Occidental ont été adoptées avec l’aval des Etats-Unis”, ce qui confirme que “la position américaine n’a jamais été favorable à ce que le Maroc propage dans les médias aujourd’hui”.
“Malgré le projet maroco-sioniste de faire de la question du Sahara Occidental un nouveau foyer de tension en Afrique du Nord pour servir les agendas sionistes, la cause sahraouie est revenue sur le devant de la scène suite à la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu le 13 novembre 2020”, souligne le même expert en sécurité.
Quant à la nouvelle position du gouvernement espagnol dans la région, le professeur Mustafa Saiedj, directeur de l’Ecole nationale supérieure de sciences politiques (ENSSP), estime qu’elle ne changera rien au conflit, “vu la responsabilité historique et juridique de l’Espagne vis-àvis de la question”, rappelant dans ce contexte l’accord tripartite secret de Madrid qui a contribué à la division du Sahara Occidental.
M.Saiedj a indiqué que la récente position déclarée par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez “contredit les principes des partis socialistes auxquels ce dernier appartient”, ajoutant que cette position a été également rejetée par les partis au gouvernement de coalition et par le Parlement, suscitant ainsi un mécontentement contre le gouvernement”.
Il est revenu dans son intervention sur les raisons ayant amené le chef du gouvernement espagnol a changer sa position vis-à-vis de la question sahraouie, à leur tête les crises socio-économiques induites par la pandémie du nouveau coronavirus et le danger potentiel ressenti par les Espagnols sur le plan sécuritaire, notamment ce qu’on appelle “le nuage rouge” dans le ciel de Madrid, cité dans le rapport du Centre espagnol des études stratégiques et des commandements militaires du pays qui avait déjà averti que l’alliance marocco-sioniste risquait de représenter un danger pour le sud de l’Espagne, à la lumière du projet l’installation d’une base militaires sur la frontière entre les deux pays.
M.Saiedj a affirmé que le Maroc emploie son alliance avec l’entité sioniste dans la région pour “affaiblir l’Espagne mais aussi pour affaiblir le rôle de l’Algérie et faire perdurer le conflit sahraoui”.
Il a estimé, dans ce sens, que l’entité sioniste “voit en le Maroc un Etat fonctionnel et entrepreneurial pour parvenir à l’Atlantique et veille à l’appuyer dans les questions de division de l’Afrique du nord pour servir l’agenda sioniste”.
Le professeur de sciences politiques, Ahmed Adhimi a estimé de son côté que l’indépendance du Sahara Occidental “passe par l’attachement à la résistance qui constitue le principal mécanisme à même de permettre au peuple sahraoui d’arracher son droit, à l’exemple de la Glorieuse Révolution nationale”.
Et d’ajouter que “l’autonomie” au Sahara Occidental du point de vue du Maroc “est contraire aux visées du Maroc au Sahara Occidental”, arguant que “le Royaume de Rabat veut occuper l’ensemble des territoires sahraouis”.
Source APS