
Les manifestants ont battu le pavé pour le 12e vendredi consécutif à Alger et dans d’autres Wilayas, poursuivant leurs marches populaires et pacifiques pour revendiquer un “changement radical du système politique”, l’instauration d’une “démocratie réelle” et “la poursuite en justice de tous ceux qui sont impliqués dans des affaires de corruption”, ont constaté des journalistes de l’APS.
Malgré les aléas du jeûne et un temps chaud avec des températures estivales ayant frôlé les 30 degrés, la mobilisation des manifestants ne s’est pas essoufflée en ce premier vendredi du mois de Ramadhan qui a coïncidé avec le 5ème jour du mois sacré, maintenant la même dynamique et les mêmes revendications relatives au “changement radical” et à “l’instauration d’une démocratie réelle”.
Arpentant les rues de la capitale sous un soleil de plomb, les manifestants ont réitéré leurs revendications habituelles, insistant notamment sur le départ de tous les symboles du système. En ce sens, on pouvait lire sur les banderoles et pancartes : “Pour le départ des autres B” (Bensalah, Bedoui et Bouchareb), “Poursuite en justice de tous les symboles du système”, “Pour une commission indépendante de surveillance des élections”, “Djeich, chaab khaoua khaoua” (Armée et peuple sont frères), et “Non à l’élection présidentielle du 4 juillet”.
Les manifestants ont scandé aussi des slogans exprimant leur attachement à l’unité nationale, réaffirmant que “la souveraineté appartient exclusivement au peuple”. L’hymne des manifestants “Silmia, silmia” (Pacifique, pacifique) a été entonné en chœur, de même les chants patriotiques habituels pour réaffirmer leur amour et attachement à l’unité nationale.
Ils ont brandi aussi les portraits des martyrs de la glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954, et entonné des chants patriotiques et inévitablement l’hymne national Qassamen.
Un f’tour collectif pour consacrer la culture du partage entre Algériens
A l’instar des précédents vendredis, les premiers groupes des manifestants ont commencé à affluer vers l’esplanade de la Grande poste et la Place Maurice Audin, lieux privilégiés de regroupement des manifestants depuis les premières marches du 22 février dernier.
Les manifestants qui étaient moins nombreux que les précédents vendredis en raison de la contrainte du jeûne et d’un temps chaud, ont commencé à se constituer dès la matinée, avant d’être rejoints par d’autres en début d’après-midi. Ils se sont ébranlés par la suite pour arpenter les différentes artères de la capitale dans un climat serein et en présence d’un dispositif sécuritaire moins visible que les précédentes semaines.
Pour le quatrième vendredi consécutif, le Tunnel de la Faculté, au niveau de la Place Maurice Audin, a été fermé par un dispositif sécuritaire important.
Vers 16h, les manifestants ont commencé à se disperser, soit plus tôt que habitude en raison du mois de Ramadhan, ce qui a permis à de jeunes bénévoles de procéder au nettoyage des lieux, faisant montre d’un sens élevé de citoyenneté et de civisme.
A la Grande Poste et à la Place Maurice Audin, des tables ont été dressées pour organiser un f’tour collectif avec certains manifestants venues des wilayas limitrophes ou des quartiers environnants, car la finalité c’est de partager le f’tour entre Algériens “kahaoua khaoua” (entre frères), ont lancé des manifestants.
Les marches de ce vendredi sont intervenues après le placement, dimanche dernier, en détention provisoire de Athmane Tartag, Mohamed Mediene et Saïd Bouteflika pour “atteinte à l’autorité de l’Armée” et “complot contre l’autorité de l’Etat”, sur décision du juge d’instruction militaire près le tribunal militaire de Blida.
Dans le cadre de la même enquête, Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a été également placée hier jeudi en “détention provisoire” par le tribunal militaire de Blida dans une prison civile de cette wilaya.