Figure emblématique de la Guerre de libération nationale, le martyr Larbi Ben M’hidi (1923-1957) fut le chef politique proche du combat quotidien de son peuple.
Son image dans la conscience populaire est forte et empreinte d’une auréole toute particulière, son calme, sa sérénité et sa conviction ont déstabilisé les généraux français qui l’ont exécuté sommairement dans la nuit du 3 au 4 mars 1957 pour ne pas avoir à le juger.
61 ans après sa mort, Larbi Ben M’hidi, l’homme au sourire serein demeure une source d’inspiration pour de nombreux universitaires et académiciens, curieux de faire découvrir une personnalité charismatique dévouée à la cause de sa patrie.
Jetez la Révolution dans la rue, elle sera portée à bras le corps par tout le peuple
Né il y 95 ans au douar Kouahi dans la commune d’Ain M’lila (wilaya d’Oum El Bouaghi), Mohamed-Larbi Ben M’hidi est “un héros, un des symboles de la glorieuse Révolution et une personnalité emblématique”.
Ce sont là les traits par lesquels le martyr est décrit par des chercheurs et étudiants universitaires, approchés par l’APS, qui assurent que cette figure jouissait de bien d’autres caractéristiques dont celle du chef militaire, de l’intellectuel mûr, du stratège perspicace, de l’homme chaleureux et du militant courageux.
Khaled Abdelwahab, enseignant de la philosophie d’histoire à la Faculté des sciences humaines de l’université d’Oum El Bouaghim qui porte le nom du Chahid Ben M’hidi, estime que le parcours militant de ce héros a besoin de beaucoup de méditation et d’éclaircissement depuis son intégration du mouvement nationaliste en passant par son combat militaire durant la Révolution jusqu’à son arrestation et son exécution par les forces coloniales.
L’université d’Oum El Bouaghi consacre un colloque annuel dont la tenue coïncide avec l’anniversaire de sa mort, note M. Abdelwahab, relevant que la 4ème édition de cette rencontre académique prévue début mars aura une dimension internationale ainsi que voulu par le comité d’organisation afin de souligner l’intérêt dont bénéficie cette figure à l’échelle nationale et internationale, lié à son aura emblématique exceptionnelle dans l’histoire des mouvements de libération dans le monde.
Pour cet universitaire, les recherches sur la personnalité de Ben M’hidi sont puisées “des témoignages vivants” et des mémoires de ceux qui l’ont côtoyé parmi lesquels moudjahidine et historiens.
Les faits ainsi recueillis doivent dans une seconde phase être examinés par recours à la méthodologie et à la critique scientifiques pour parvenir à écrire l’histoire du mouvement national et de la Révolution libératrice.
Cette approche, ajoute M. Abdelwahab, “nous permettra d’effectuer une seule lecture mais selon des angles différents sans semer le doute ou troubler la sensibilité algérienne”.
La construction de la conscience, ajoute-t-il, se fait par l’écriture de l’histoire et des parcours de vie des figures qui furent les artisanes de cette histoire dont Mohamed-Larbi Ben M’hidi qui consacra sa vie à une cause juste faisant montre d’intelligence, d’une large culture, d’un militantisme acharné et d’un courage si immense au point de trouver les ressources pour sourire aux caméras alors qu’il était menotté et entouré de geôliers.
Des programmes d’étude qui présentent les héros de la Révolution
De son côté, Abdelmoumène Brahim, enseignant d’histoire à l’université Larbi Ben M’hidi d’Oum El Bouaghi, juge que la personnalité de Ben M’hidi n’a pas encore été suffisamment étudiée. Selon lui à peine 10 études ont été consacrés à Ben M’hidi en Algérie même si, souligne-t-il, les programmes du département de l’histoire présente les héros de la Révolution dont Ben M’hidi.
Cela est surtout dû à l’inaccessibilité des archives de la Révolution conservées en France mais aussi au fait que Ben M’hidi fut le commandant de la Wilaya 5 historique et le chef de la bataille d’Alger et cette position de grande responsabilité imposait des activités entourées du secret le plus total, explique M. Brahim, rappelant en outre que les proches compagnons de Ben M’hidi étaient tombés sur le champ d’honneur durant les premiers jours de la Révolution. Tous ceci expliquent l’indigence des informations disponibles autour de la vie et de l’activité de ce symbole, note-t-il.
Les enseignants d’histoire à l’université présentent à leurs étudiants les héros et grandes figures de la Révolution de novembre 1954 à travers de cours et travaux dirigés de plusieurs modules, dont celui de l’histoire de la Révolution algérienne, note Mohamed Ghazali du département d’histoire de l’université d’Oum El Bouaghi, qui relève que des mémoires de fin d’études et des travaux de recherche dirigés sont régulièrement consacrés aux héros de la Guerre de libération nationale.
Les étudiants de l’université Larbi M’hidi, rencontrés par l’APS, ont fait montre de connaissances parfois superficielles et autres fois assez détaillées de la personnalité de Ben M’hidi. La plupart savent toutefois qu’il est natif d’Oum El Bouaghi, membre du groupe historique des 22 à l’origine du déclenchement de la Révolution de novembre et celui qui a déclaré “Jetez la révolution dans la rue, elle sera portée par tout le peuple”.