L’Algérie a réaffirmé lundi à New York par la voix du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le droit des Etats parties au traité de non-prolifération à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
“L’Algérie réaffirme, une fois de plus, le droit originel et inaliénable des Etats parties au développement, à la recherche et à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques conforméent à l’article IV du Traité”, a soutenu M. Lamamra dans une allocution à l’occasion de la 9ème Conférence de révision du TNP.
“Pour l’Algérie, la non-prolifération est une responsabilité qui incombe à tous les Etats parties au Traité, dotés ou non de l’arme nucléaire, car elle constitue un facteur essentiel qui facilite la réalisation de l’objectif final de l’élimination totale des armes nucléaires. Aussi, il est nécessaire de ne pas créer de nouvelles obligations sur les Etats non dotés de l’arme nucléaire, autres que celles prévues expressément par le Traité”, a ajouté M. Lamamra.
Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé que “l’Algérie qui accorde un intérêt particulier au désarmement nucléaire est parfaitement consciente de l’importance de la non-prolifération, en tant que l’un des trois piliers du TNP et un élément fondamental des efforts visant l’élimination totale des armes nucléaires”, précisant que “le Traité et ses dispositions afférentes à la non-prolifération ont permis de limiter la possession d’armes nucléaires sur un nombre réduit de pays, y compris les cinq Etats nucléaires parties”.
“Ainsi, nous pouvons affirmer que les dispositions relatives à la non-prolifération et les mesures de vérification et les garanties que nous avons adoptées et acceptées dans le cadre de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, ont prouvé, pendant des décennies, leur efficacité et efficience”.
Il a salué, dans ce contexte, le rôle central de l’AIEA, qui demeure, a-t-il enchainé, “l’unique organe compétent pour déterminer le degré du respect des Etats parties de leurs obligations au titre de la non-prolifération, à travers le régime de garanties qui se base sur des mesures fondées sur l’observation objective et les preuves matérielles”.
Il a insisté dans le même contexte sur “l’importance de l’indépendance de l’Agence et de la non politisation de ses fonctions, pour qu’elle puisse continuer à s’acquitter de ses missions avec professionnalisme et conformément au Traité et à son règlement intérieur”.
S’agissant de la création de zones exemptes d’armes nucléaires, M. Lamamra a mis en avant la contribution de l’Algérie, dans sa région d’appartenance géographique aux efforts ayant abouti à la création, en 1998, d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique rappelant que l’Algérie était parmi les premiers pays ayant ratifié le Traité de Pelindaba, créant cette zone.
Il a exprimé “la préoccupation” de l’Algérie face aux obstacles ayant entravé, jusqu’ici, la mise en œuvre de la résolution adoptée lors de la Conférence d’examen de 1995 prévoyant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient.
“A l’instar des autres pays arabes et des pays non-alignés, l’Algérie accorde un intérêt particulier à la mise en place rapide de cette zone qui contribuera à la consolidation de la paix et de la sécurité régionales et confortera la crédibilité du Traité. Nous espérons que cette question fasse objet de l’attention requise au cours de ces assises et que les Etats parties tirent les leçons des cinq dernières années, mais aussi des deux dernières décennies, et adoptent le projet de plan d’action complet présenté par le Groupe arabe à cette Conférence, a encore fait savoir le Chef de la diplomatie algérienne”.
Il a relevé, par ailleurs, “l’augmentation soutenue des installations et réacteurs nucléaires, opérationnels ou en cours de réalisation, notamment dans les pays en développement” et qui, a-t-il argué, “témoigne de l’importance du rôle grandissant des utilisations pacifiques dans le développement socio-économique des peuples, eu égard à l’essor technologique et des besoins énergétiques croissants dans le monde contemporain”.
“A l’évidence, le TNP constitue la pierre angulaire de notre sécurité collective. De ce fait, la recherche de la formule idoine et des mesures capables de réaliser le compromis originel du Traité, selon lequel les Etats nucléaires s’engagent à éliminer leurs arsenaux, en contrepartie de l’abstention des autres Etats de se doter de ces armes, constitue le défi principal de cette Conférence”, a-t-il poursuivi.
Il a indiqué que “les ressources importantes engagées dans la production, le développement, la maintenance et le déploiement d’armes nucléaires, estimées par des statistiques crédibles à 30 milliards de dollars, représentent un lourd fardeau, comparés aux besoins grandissant pour le financement des efforts de développement visant à sauver des millions d’êtres humains des spectres de la pauvreté, de l’ignorance et des maladies.
Ainsi, l’élimination totale et l’interdiction définitive des armes nucléaires demeurent notre objectif final, a encore soutenu le chef de la diplomatie algérienne.
En attendant d’atteindre cet objectif, accorder aux Etats parties non dotés de l’arme nucléaire des garanties de non recours à l’emploi ou à la menace d’emploi d’armes nucléaires, en vertu d’un instrument international contraignant, reste une exigence légitime qui se pose avec acuité, a considéré M. Lamamra.
Il a adressé ses vifs remerciements pour les Etats parties qui ont fait honneur à l’Algérie de présider cette Conférence, à travers la personne de Taoués Ferroukhi dont, s’est-il félicité, “la présidence de cette Conférence internationale décisive, témoigne de la place prestigieuse qu’occupe la femme algérienne à l’intérieur et à l’extérieur du pays, conformément à la politique volontariste prônée par l’Algérie, sous la conduite du Président Abdelaziz Bouteflika”.
“L’Algérie, qui a l’honneur, pour la deuxième fois de l’histoire du TNP, de présider la Conférence, ne ménagera aucun effort pour dégager un consensus entre les Etats parties et œuvrera avec abnégation et détermination de concert avec les autres Etats parties pour parvenir à des décisions et recommandations qui soient à la hauteur du défi majeur qui consiste à libérer les générations futures du spectre des armes nucléaires”, a assuré M. Lamamra pour conclure.