Le ministre du Commerce, Kamel Rezig a affirmé, jeudi à Alger, que l’adoption de l’accord sur la Zone de Libre échange continentale africaine (Zlecaf) ouvrira de larges perspectives aux opérateurs économiques algériens et contribuera au développement de l’économie nationale.
Lors d’une séance plénière de l’Assemblée populaire nationale (APN), consacrée à la présentation et au débat du projet de loi relatif à l’approbation de l’accord portant création de la Zlecaf, le ministre a souligné que cet accord visait à créer un marché continental unifié des marchandises et services avec la libre circulation des hommes d’affaires et investisseurs, et l’annulation progressive des tarifs douaniers, à travers l’instauration de normes commerciales africaines communes.
L’accord permettra, en outre, de développer le commerce interafricain, à travers la coordination des échanges commerciaux et leur augmentation de 25% et l’encouragement du principe de concurrence en matière d’industrie et d’entreprises, a-t-il soutenu.
Ledit accord transformera les économies des pays africains en un marché important plus synergique qui profitera à l’intégration dans tous ses aspects et à l’exploitation collective des richesses que recèle le continent, en sus de la création d’espaces économiques internes plus importants et efficaces, ce qui conférera davantage d’efficacité à l’activité du marché africain, estime le ministre.
94% des tarifs douaniers “libéralisés” avec l’UE et la région arabe
94% des tarifs douaniers algériens “ont effectivement été libéralisés” dans le cadre de conventions signées avec l’UE et la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE), a souligné M. Rezig.
Il sera procédé, en outre, dans le cadre de la Zlecaf, à l’annulation progressive des tarifs douaniers dans le commerce interafricain à hauteur de 90% des taxes douanières sur une durée de 5 ans pour les pays en développement et 10 % pour les pays africains les moins développés, et ce à partir de janvier 2021.
Les 10 % restants représentent les produits sensibles, dont un taux de 7 % qui sera libéralisé progressivement durant 10 ans pour les pays membres en voie de développement et 3 % pour les pays membres les moins devéloppés, ce qui constitue un avantage important pour la protection du produit national.
Selon le ministre, le taux de 3 % des clauses des tarifs douaniers est exclu de la libéralisationtarifaire, soit l’équivalent de 491 tarifs.
M.Rezig a estimé que le volume des échanges commerciaux algériens avec la ZLECAF est actuellement très faible, car ne dépassant pas 3 % du total des échanges. L’Algérie occupe la 20ème place du total des pays fournisseurs du continent, soit 0,4 % du total des importations du continent africain.
Ces échanges sont effectués en grande partie avec les pays de l’Afrique du nord faisant partie de la zone arabe de libre échange. La faiblesse de ces chiffres est due au fait que la plupart des pays africains ne font pas partie des communautés économiques africaines, induisant la faiblesse de la compétitivité des produits algériens, avec des taxes douanières oscillant entre 45 et 65 %.
En dépit de ces obstacles, poursuit le ministre, les exportateurs sont intéressés par le marché africain, étant donné que les produits algériens ont investi 24 pays africains entre 2016 et 2019.
La balance commerciale entre l’Algérie et les pays africains a enregistré un saut de 78 millions de dollars en 2016 à 830 millions de dollars en 2019 (964 %).
A ce propos, le ministre du Commerce a annoncé la mise en place d’une stratégie nationale pour la promotion des exportations hors hydrocarbures et l’intégration économique avec le continent africain à l’effet de soutenir la croissance économique nationale.
L’Algérie profitera du PIB du continent africain estimé à 2.5 milliards de dollars et des recettes de son marché d’un montant de 3000 milliards de dollars.
L’objectif des pays du continent est d’augmenter les échanges commerciaux interafricains de 25%, sachant qu’ils ne dépassent pas les 15 % actuellement, contre 47 % avec le continent américain, 67 % avec le continent européen et 61% avec l’Asie, selon les statistiques officielles de 2019.
L’accord portant création de la ZLECAF lancé le 21 mars 2018 à Kigali, compte 3 protocoles fondamentaux, le premier relatif au commerce des marchandises visant le renforcement du commerce interafricain des marchandises, le deuxième relatif au commerce des services visant la libéralisation tarifaire du commerce des services, outre le troisième protocole relatif aux règles et au règlement des contentieux.
L’accord est entré en vigueur en mai 2019, suite au dépôt du 22e document de ratification. 54 pays (sur 55 membres de l’UA) ont ratifié l’accord de la ZLECAf, à l’exception de l’Erythrée.
Certains députés ont souligné lors de la séance de débat la nécessité d’assurer les moyens nécessaires pour aider les opérateurs algériens à accéder à ce marché.
Parmi ces principaux moyens, la création de filières bancaires à l’étranger, les moyens de transport, la logistique et assurer la sécurité des voies de transport, outre les problématiques posées par les députés relatives aux banques et aux problèmes de change et de conversion de devise, le manque de navires marchands, le faible rôle des consulats à l’étranger pour la promotion du produit local et le non-respect par certains opérateurs des accords signés.
Les députés ont évoqué l’importance du développement des régions du sud et leur renforcement en structures diverses: postes et télécommunications, stations de transport, logistique, détente et approvisionnement en carburant, afin qu’elles soient un point de transit du produit national vers l’Afrique.L’adoption de cette loi est prévue au cours de cette journée, à l’issue de la séance de débat.
Source APS