La ministre norvégienne des Affaires étrangères, Ine Eriksen, a réaffirmé que la position de son pays sur le conflit au Sahara occidental est “ferme et connue” et basée sur une solution politique conforme aux résolutions du Conseil de sécurité garantissant au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination.
En réponse à une lettre envoyée par plus de cinquante-trois organisations de la société civile, la ministre norvégienne a déclaré que son gouvernement “suit avec une profonde préoccupation les derniers événements au Sahara occidental”, après la violation du cessez-le-feu le 13 novembre dernier par le Maroc, soulignant que “chaque activité dans les territoires sahraouis freine la solution politique et provoque l’incertitude”.
Dans ce contexte, la chef de la diplomatie norvégienne a souligné que “l’interruption du processus politique pendant une longue période a provoqué des frustrations, il est donc nécessaire d’accélérer la reprise de cette opération et de créer une nouvelle dynamique qui renforce la confiance dans le processus de négociation mené par les Nations Unies (…) et avancer dans le dialogue et les négociations”.
Cinquante-trois (53) organisations de la société civile norvégienne ont envoyé le 2 décembre une lettre au gouvernement norvégien lui demandant de “soutenir” le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, alors que la Norvège doit siéger au Conseil de sécurité de l’ONU à partir du 1er janvier 2021.
Les 53 signataires de cette lettre, dont les dirigeants des neuf partis politiques de la jeunesse, ainsi que des groupes de défense des droits de l’Homme, des syndicats et des groupes religieux, demandent au ministre norvégien des Affaires étrangères, Ine Marie Eriksen Soriede, d’”utiliser les deux années à venir pour défendre les droits du peuple sahraoui à l’autodétermination”.
Dans leur missive intitulée “Soutenez le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination”, les organisations demandent aussi au gouvernement norvégien de “défendre activement le droit à l’autodétermination et les droits humains du peuple sahraoui”.
“Il existe un consensus multipartite en Norvège sur le fait que le droit incontestable du peuple sahraoui à l’autodétermination doit être respecté et que la Norvège ne reconnaisse pas l’annexion du territoire par le Maroc.
Maintenant que la Norvège revient au Conseil de sécurité de l’ONU, les organisations soussignées appellent le gouvernement norvégien à adopter une position claire basée sur le droit international, comme ce fut le cas lorsque la Norvège a siégé la dernière fois au Conseil”, écrivent les organisations.
Les organisations demandent également l'”arrêt des exportations de gaz de Norvège vers le territoire sahraoui” occupé par le Maroc depuis 1975.
Dans ce contexte, elles rappellent avec regret qu’un navire de transport de gaz est arrivé la semaine passée au Sahara occidental avec du gaz de Karsto, en Norvège.
“Nous recommandons au gouvernement de veiller à ce que les exportations de Karsto vers le Sahara occidental n’aient pas lieu”, ont souligné les organisations rappelant à cet effet l’arrêt de la Cour de justice de l’UE (CJUE) selon lequel le consentement exprimé du peuple sahraoui est une condition préalable au commerce dans le territoire sahraoui.
Par ailleurs, les organisations norvégiennes se sont dites “profondément préoccupées” par la situation “non résolue et aggravée” au Sahara occidental.
“Compte tenu de l’entrée de la Norvège au Conseil de sécurité des Nations unies, nous souhaitons par cette lettre appeler le gouvernement à défendre activement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination”, ont-elles insisté.
Les signataires déplorent le fait que le Maroc n’a jusqu’à présent pas contribué de manière constructive au processus de paix de l’ONU. “Il n’y a pas aujourd’hui de pourparlers de paix, après que les envoyés spéciaux proposés ont été rejetés par l’occupant marocain”, écrivent-elles dans la lettre.
Au cours des dernières années, Rabat a refusé d’entamer des pourparlers bilatéraux avec l’autre partie au conflit, à savoir le Front Polisario, expulsé le personnel de l’ONU et rejeté la possibilité pour la MINURSO de rendre compte de la situation des droits de l’Homme. Dans le même temps, le Maroc refuse toute solution conforme au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, regrettent également les organisations norvégiennes.
Dans leur missive, les signataires ont fustigé la France, l’allié le plus proche du Maroc au Conseil de sécurité de l’ONU, qui a, ont ils précisé, “paralysé” le Conseil de sécurité de l’ONU, l’empêchant de progresser vers une résolution pacifique du conflit.
Source APS