Les événements sanglants de Sakiet Sidi Youssef resteront dans l’Histoire comme le symbole de la lutte commune et de la solidarité effective entre les peuples algérien et tunisien frères, ont estimé dimanche à Alger les participants à une conférence organisée à l’occasion de la commémoration du 63e anniversaire de ces massacres.
Les événements sanglants de Sakiet Sidi Youssef, survenus le 8 février 1958, resteront comme le symbole de la lutte commune des peuples algérien et tunisiens dont le sang s’est entremêlé et le témoin de leurs sacrifices, ont souligné les moudjahidine et professeurs spécialistes de l’histoire nationale participant à cette conférence, organisée par le Centre national d’études et de recherches sur le mouvement national et la Révolution du 1er novembre 1954 (CNERMN54), sous l’égide du ministère des Moudjahidines et des ayants-droit.
La commémoration de ces massacres, qui resteront également dans l’Histoire comme le symbole de la fraternité et de solidarité, offre l’opportunité de promouvoir les relations bilatérales au niveau d’un partenariat stratégique au service des deux peuples.
Pour le secrétaire général du ministère des Moudjahidine et des ayants-droit, Laid Rebika, la commémoration du 63e anniversaire des événements de Sakiet Sidi Youssef est l’occasion de “rappeler un des grands chapitres de la résistance, de la cohésion et de la fraternité sincère entre les peuples algérien et tunisien”.
Ces massacres étaient un “acte de vengeance désespéré de l’armée française contre les moudjahidines qui ont donné au colonisateur des leçons par leur courage, leur bravoure et leurs sacrifices grâce à une organisation et une coordination de génie”, a-t-il dit.
Ces événements étaient aussi “un gage de solidarité et de cohésion renouvelées dans la lutte commune des peuples algérien et tunisien”, a-t-il ajouté, soulignant qu’ils ont eu un impact sur les plans politique, militaire et diplomatique.
Dans ce sens, M. Rebika a appelé la nouvelle génération à tirer les leçons de ces évènements, à savoir l’histoire et le destin commun.
“Il est de notre devoir de préserver l’histoire du combat commun, particulièrement face aux défis de notre environnement régional dont les atouts permettent la concrétisation de davantage de complémentarité et de hisser la relation entre les deux pays au niveau du partenariat stratégique global”, a-t-il souligné, relevant que cette démarche est susceptible de traduire la bonne volonté des dirigeants des deux pays à relever les enjeux de cette étape, de concrétiser le développement, la prospérité, la sécurité et la stabilité et de faire face au phénomène du terrorisme transfrontalier.
Pour sa part, l’ambassadeur de Tunisie à Alger, Ramdhane Elfayedh a souligné que les évènements Sakiet Sidi Youcef marquent “une étape phare dans l’histoire des deux pays, les sangs des chouhada de Tunisie et d’Algérie s’étant entremêlés”, ajoutant que cette commémoration traduit les liens de fraternité qui unissent les deux peuples.
“Il s’agit là d’une nouvelle étape qui permet à nos dirigeants de coordonner les positions et de se concerter pour élaborer des programmes opérationnels devant aboutir au développement des relations entre les deux pays”, a-t-il dit.
De son côté, Dr Nadjib Dokali Menna, de l’université de Khemis Miliana a rappelé que l’attaque qui a ciblé le village de Sakiet Sidi Youcef, situé aux frontières tunisiennes fait suite à une opération de traque des révolutionnaires algériens.
Le 8 février 1958 à 10h du matin, 25 avions corsairs et avions B-26 ont pris d’assaut le village où 79 personnes sont tombées en martyrs, y compris des écoliers et 148 autres ont été blessées, a-t-il dit, ajoutant que toutes les infrastructures vitales avaient été détruites.
Dans son intervention, Dr Saïd Djelaoui de l’Université de Bouira a rappelé les dimensions géopolitiques de la zone frontalière de Sekiet Sidi Youssef, en tant que base arrière logistique de l’Armée de libération nationale (ALN), point de passage des armes et munitions, et lieu de regroupement des réfugiés, abritant des dépôts d’armes et des centres de transmission.
Il est également revenu sur la situation militaire et l’impact de l’agression au double plan, régional et international.
Dans une lecture du livre “Les Etats-Unis et la guerre d’Algérie” du chercheur et historien américain, Irwin M. Wall, le moudjahid Ali Tablit a mis en exergue les informations précises contenues dans cet ouvrage, dont les références ont été puisées dans les archives françaises et américaines, notamment en ce qui concerne les circonstances et résultats de l’agression française sur le village de Sekiet Sidi Youssef.
Le livre revient également sur le rôle des Etats-Unis dans cette offensive et la pression exercée à l’époque sur le leader tunisien Habib Bourguiba, selon M. Tablit.
Les interventions sur ces massacres infligés aux peuples, algérien et tunisien étaient unanimes à affirmer le changement radical opéré dans le processus de la Révolution algérienne, la barbarie du système colonial français étant mise à nu et au vu du tollé médiatique suscité par la publication de ces évènements dans les grands titres de la presse internationale.
La rupture entre les peuples algérien et tunisien était l’objectif visé par l’armée française, à travers cette agression barbare qui avait ciblé un petit village sur les frontières entre leurs deux pays.
La France aspirait à amener le peuple tunisien à renoncer à son soutien à la Révolution algérienne, mais le résultat était tout contraire.
Source APS