Le Commissaire à la paix et la sécurité de l’Union africaine, Smail Chergui, a indiqué jeudi à Addis Abeba que “l’Afrique doit parler d’une seule voix ” sur le dossier libyen au moment où l’organisation panafricaine s’active à jouer un rôle de premier plan pour contenir la crise dans ce pays plongé dans le chaos depuis 2011.
“Jusqu’à maintenant l’Afrique ne parlait pas à l’unisson. Il est prévu de bâtir sur la réunion d’Alger des voisins de la Libye et le sommet de Brazzaville du Comité de haut niveau de l’UA pour promouvoir la vision africaine sur ce dossier”, a déclaré Chergui à l’APS à la veille d’un sommet du CPS sur la Libye et le Sahel, prévu samedi dans la capitale ethiopienne.
“L’objectif de cette réunion sera de renforcer la voix de l’Afrique et d’amener tous les Africains à parler d’une même voix”, ajoute le chef du CPS, qui insiste sur l’importance primordiale pour les pays africains de se ressaisir de ce dossier.
“L’Afrique a été plutôt exclue” des processus de règlement de crise en Libye, une exclusion qui remonte à l’intervention militaire de 2011, lorsque des chefs d’Etat africains ont été empêchés de se rendre dans ce pays pour promouvoir le projet d’un plan de paix africain. C’est là “le commencement du crime originel”, regrette le commissaire.
L’UA, qui a “toujours offert de travailler étroitement avec l’ONU” sur ce dossier, a vu sa proposition de nommer un envoyé conjoint pour la Libye rejetée, a-t-il rappelé.
La Conférence de Berlin, à laquelle les organisateurs ont fini par inviter l’UA et certains pays voisins, confirme la mission confiée à l’organisation panafricaine d’organiser une conférence de réconciliation nationale en Libye.
Jusqu’à présent, l’Afrique “n’a pu réellement être totalement associée à ce processus” malgré les visites effectuées en Libye par le CPS et la Commission africaine en mars et avril 2019.
Définir la contribution opérationnelle à la cessation des hostilités
En définitif, le Sommet de samedi a pour objectif “de sécuriser une démarche africaine adaptée qui aidera à fixer le cessez-le-feu, le respect de l’embargo sur les armes et la cessation des interférences en Libye”.
Il s’agira d’exposer ” le rapport de la réunion du Comité de haut niveau à Brazzaville et d’examiner les conclusions de la Conférence de Berlin ainsi que les acquis de la réunion des pays frontaliers de la Libye, qui s’est tenue le 23 janvier à Alger”.
“Ces éléments vont nous permettre de déterminer les mesures opérationnelles pour rendre le Comité de haut niveau plus proactif et de définir la contribution de l’Afrique à la cessation effective des hostilités”.
La déclaration de Berlin à confié à l’UA la tâche de réunir les belligérants libyens pour les ramener à la table des négociations en vue d’une réconciliation nationale.
“Il est important que notre démarche de réconciliation soit inclusive, et qu’elle aille au-delà des deux parties qui s’affrontent sur le terrain. Nous devons toucher tous les intervenants et parties libyennes qui peuvent nous aider à dessiner une solution durable à ce conflit”, précise-t-il.
Le Sommet réunira samedi 15 chefs d’Etats membres du CPS, le premier ministre libyen, Faiz Essaraj, le SG de l’ONU et le président du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye, le président congolais Sassou Ngessou.
Trois autres chefs d’Etats sont conviés à ce Sommet pour discuter notamment de la crise au Sahel entremêlée à celle de la Libye: le Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, président du G5 Sahel et du processus de Noakchott, le Sud-africain Cyril Ramaphosa et le nigérien Issoufou Mahamadou, président de la CEDEAO.
Source APS