L’Algérie qui a arraché en 1962 son indépendance nationale, a réussi en 1971 à mettre fin à sa dépendance énergétique, grâce à la nationalisation de ses hydrocarbures et tend, 60 ans après, à concrétiser sa transition énergétique avec le développement des énergies nouvelles et renouvelables.
Après avoir combattu durement le colonisateur français, pour le recouvrement de son indépendance, l’Algérie devait poursuivre son avancée vers le progrès, la prospérité et le développement: tous les secteurs, sans exception, étaient alors concernés par ce défi, dont celui des hydrocarbures.
A la faveur de son indépendance, l’Algérie est devenue propriétaire des ressources du pays en hydrocarbures, découvertes en 1956, mais la France continuait de posséder le réel pouvoir de gestion de ces richesses, à travers la Société nationale de recherche et d’exploitation de pétrole en Algérie (SN REPAL). La législation française (le code pétrolier saharien de 1958) est ainsi maintenue, en application des accords d’Evian.
Consciente de l’importance et des enjeux des hydrocarbures dans le processus d’édification national et le développement tant attendu pour effacer les séquelles de l’occupation française, l’Algérie a créé, le 31 décembre 1963, la Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation, et la commercialisation des hydrocarbures Sonatrach, qui sera ultérieurement l’outil de la politique nationale des hydrocarbures.
Créée initialement pour prendre en charge le transport et la commercialisation des hydrocarbures, Sonatrach, actuellement la plus grande entreprise d’Afrique, s’est déployée progressivement ensuite dans les autres segments de l’activité pétrolière.
Quelques années plus tard, soit en 1971, l’Algérie recouvre sa souveraineté totale sur ses ressources en hydrocarbures, imposant aux entreprises étrangères de s’associer à Sonatrach pour pouvoir investir dans ce domaine.
Annoncée par le défunt président Houari Boumediene le 24 février 1971 à la maison du Peuple à Alger, siège de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) qui célébrait son 15ème anniversaire, cette décision historique de nationaliser les hydrocarbures a couronné un long processus de négociations entamé en 1967.
Une nationalisation qui a consacré l’acquisition par l’Algérie, actuellement 17e producteur de pétrole au monde et 3e en Afrique, d’au moins 51% des intérêts des sociétés concessionnaires françaises qui opéraient dans le sud du pays où activaient également d’autres grandes multinationales.
Depuis, l’Algérie, à travers Sonatrach, est restée toujours majoritaire dans tous les investissements étrangers dans les champs pétroliers et gaziers du pays. Une position consolidée par les différentes lois promulguées en l’espace de plus de cinq décennies, confirmant ainsi le principe immuable de la souveraineté de l’Etat algérien sur ses richesses pétrolières, gazières et minières.
Compte tenu des mutations que connait le marché énergétique mondial, ainsi que pour drainer davantage d’investissements étrangers et attirer les détenteurs des nouvelles technologies dans ce secteur, une nouvelle loi, plus attractive, a été promulguée fin 2019 sur les hydrocarbures, un secteur représentant aujourd’hui environ la moitié des recettes fiscales de l’Etat, 20% du PIB, 91% du total des exportations et près de 300.000 emplois directs.
Un ministère de la Transition énergétique: une première depuis l’indépendance
Le renforcement des efforts d’exploration de pétrole et de gaz par Sonatrach qui assure, à elle seule, 80% de la production totale des hydrocarbures du pays, tandis que les 20% restants sont assurés par des sociétés étrangères, est inscrit dans la nouvelle feuille de route de l’Algérie Nouvelle, mise en œuvre par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, prévoyant un ambitieux programme de développement et de valorisation de toutes les ressources énergétiques, dont les énergies nouvelle et renouvelables.
Six mois à peine après son investiture à la magistrature suprême, en décembre 2019, le Président Tebboune décide de la création d’un ministère de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, une première dans l’histoire de l’Algérie, permettant d’impulser une forte dynamique dans la concrétisation de l’objectif de la transition énergétique.
Outre le projet Solar 1.000 MW pour la production de l’électricité à partir de l’énergie solaire, auquel les pouvoirs publics accordent un intérêt soutenu, l’Algérie ambitionne de jouer un rôle prépondérant au niveau régional dans la production de l’hydrogène vert (à partir des énergies renouvelables) ou encore bleu (à partir du gaz naturel), profitant de son immense potentiel d’énergie solaire, ses importantes ressources en gaz naturel et ses infrastructures de distribution associés, ainsi que ses grandes capacités de recherches et développement.
C’est dans cette optique que le Gouvernement a décidé d’élaborer une stratégie nationale de développement de l’hydrogène, comme vecteur d’énergie propre, en y impliquant plusieurs secteurs comme l’Energie, de la Transition énergétique, l’Enseignement supérieur et la recherche scientifique, les Start-up, les Finance, en plus du Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE).
Grâce à d’ambitieux programmes en cours de concrétisation, l’Algérie, 10e producteur mondial de gaz, est déterminée à réussir sa transition énergétique, tout en préservant ses ressources naturelles conventionnelles pour les générations futures, et inscrire ainsi dans la durée son indépendance énergétique.
Source APS