Plusieurs initiatives ont vu le jour ces dernières semaines pour proposer des solutions à la crise politique que vit le pays, les unes préconisant l’organisation d’une élection présidentielle dans les plus brefs délais, les autres prônant un processus constituant dans le cadre d’une phase de transition, mais convergeant toutes sur la nécessité d’engager le dialogue.
Plusieurs partis politiques et personnalités ont appelé, dans ce cadre, à dépasser la situation de blocage qui dure depuis des mois, à travers un dialogue sérieux et global à même de rétablir la confiance entre toutes les parties.
Le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, a annoncé, dans un discours prononcé le 3 juillet dernier, le lancement, incessamment, d’un dialogue devant être conduit “en toute liberté et en toute transparence” par des personnalités nationales “crédibles, indépendantes, sans affiliation partisane et sans ambition électorale”.
“Pour dissiper tout malentendu”, M. Bensalah a précisé que “l’Etat, dans toute ses composantes, y compris l’institution militaire, ne sera pas partie prenante à ce dialogue et observera la plus stricte neutralité tout au long du déroulement de ce processus”, devant “nécessairement”, a-t-il affirmé, se concentrer sur l’unique objectif stratégique que constitue l’organisation de l’élection présidentielle”.
Le chef de l’Etat a exprimé sa “conviction profonde” que seul un président de la République, “issu d’une élection incontestable, aura toute la confiance et la légitimité nécessaires et toutes les prérogatives requises pour (…) entreprendre les réformes profondes dont le pays a crucialement besoin”.
Le Forum national pour le dialogue, regroupant des partis politiques, des acteurs de la société civile, des syndicats et des personnalités, réuni le 6 juillet à Alger, s’est engagé, de son côté, à élaborer une feuille de route “bien définie” pour le règlement de la crise politique que traverse le pays, sur la base d’une solution dans “le cadre de la Constitution et répondant aux exigences de la solution politique”.
Le forum, dont la coordination des travaux a été confiée à l’ancien diplomate et ministre Abdelaziz Rahabi, considère qu’une élection “libre et régulière” est “la seule voie pour accéder au pouvoir”.
Il appelle à la mise en place d’une instance de gestion du dialogue, composée de “personnalités nationales consensuelles connues pour leur honnêteté, crédibilité et compétence scientifique” et excluant “les symboles de l’ancien régime politique corrompu”.
Les participants aux forum, dont les partis Talaie El-Hourriyet, le Mouvement de la société de la paix (MSP), le Front pour la justice et le développement et Jil Jadid, appellent, en outre, à la création d’une instance nationale pour l’organisation et la supervision de l’élection présidentielle.
D’autre part, des acteurs de la société civile, à savoir la Confédération des syndicats autonomes, le Forum civil pour le changement et le Collectif de la société civile, qui compte plusieurs associations et organisations de droits de l’Homme, réunis le 15 juin à Alger en conférence, ont appelé à accélérer une transition démocratique “fluide”, conformément à un processus électoral concrétisant “la rupture” et garantissant l’édification d’institutions “crédibles”.
Ils ont proposé l’installation d’une personnalité nationale ou d’une instance présidentielle consensuelle “supervisant la période de transition pour la reprise du processus électoral sur une période de six mois à un an au maximum”.
Les acteurs de la société civile ont suggéré, également, “la formation d’un gouvernement de compétences nationales pour la gestion des affaires et l’installation d’une instance indépendante chargée de la supervision, l’organisation et l’annonce des résultats de l’élection, en garantissant les mécanismes de contrôle”.
Pour leur part, les Forces de l’alternative démocratique, réunissant des partis politiques, des organisations syndicales et des personnalités nationales, ont plaidé le 26 juin en faveur d’une période de transition “garantissant les conditions politiques pour l’expression d’une véritable souveraineté du peuple et l’édification d’un Etat de droit démocratique”.
Les signataires du “Pacte politique pour une véritable transition démocratique”, notamment FFS, RCD, PT, PST, MDS, UCP, PLD et LADDH, ont estimé que cette période de transition doit être basée sur un nombre de préalables: “indépendance de la justice, séparation des pouvoirs, non utilisation de la religion, du patrimoine et des symboles de la Nation à des fins politiques, égalité en droits entre hommes et femmes et non utilisation de la violence pour la conquête et l’exercice du pouvoir”.
Ils ont considéré que “l’organisation d’une élection présidentielle dans le cadre du système actuel ne servira qu’à sa régénération”.
Les signataires ont estimé aussi qu'”aucune négociation et aucune transition démocratique ne sont possibles sans la libération immédiate de tous les détenus politiques et d’opinion, la libération du champ politique et médiatique ainsi que l’arrêt immédiat des harcèlements judiciaires et des menaces contre les citoyens, les militants des partis politiques et de leurs organisations, du mouvement associatif, des syndicalistes, des militants de droits de l’Homme et des journalistes”.