L’ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, a plaidé lundi à Alger pour un “dialogue structuré” afin de concrétiser le “changement souhaité” et revendiqué lors des dernières marches populaires, estimant que “continuer à se tourner le dos est porteur de périls graves” pour le pays.
“Il est indispensable et grand temps d’entrer dans un dialogue structuré afin que le changement souhaité ait lieu et que les dangers menaçant le pays soient évités. Continuer à se tourner le dos est porteur de périls graves pour le présent et pour l’avenir de notre pays”, a indiqué M. Brahimi dans une déclaration de presse .
Evoquant ses rencontres avec “plusieurs compatriotes de toutes générations et de tous les horizons”, M. Brahimi a estimé qu’il était “utile de s’arrêter pour faire le point” de ces rencontres et échanges qu’il a qualifiés de “francs, riches, courtois et constructifs”.
Après avoir rappelé ses passages successifs sur des chaînes de télévision et la radio nationale, l’ancien diplomate a indiqué avoir rencontré dès son arrivée, l’ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Said Saadi ainsi que l’ancien ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Rahabi.
Auparavant, M. Brahimi a fait savoir qu’il avait rencontré l’écrivain-journaliste Kamel Daoud qu’il “admire pour son patriotisme”, ainsi que “d’autres personnes liées, pour certaines d’entre elles, à l’élan populaire qui a été observé vendredi dernier dans nos villes et nos villages”.
Toutefois, M. Brahimi a regretté que ces rencontres “soient relayées par une certaine presse”, apportant par la même occasion un démenti quant à une rencontre avec la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune “qui n’a pas eu lieu et dont il n’a jamais été question”.
M. Brahimi a ajouté que “la presse a inventé beaucoup d’autres rencontres qui n’ont jamais eu lieu et dont il n’a jamais été question non plus”, regrettant que “des conversations entre compatriotes de tous horizons deviennent un sujet de médisance et d’invectives pour certains”.
S’exprimant sur des pancartes hostiles à lui et à d’autres personnes, brandies lors des marches populaires, M. Brahimi a indiqué que “de nombreuses voix d’hommes et de femmes, de jeunes et de moins jeunes, se sont élevées au sein de la manifestation, à travers tout le pays, pour exiger que l’on s’engage dans le nécessaire dialogue”.
Pour ce qui est de ses rencontres avec le Président Abdelaziz Bouteflika, l’ancien chef de la diplomatie algérienne a indiqué avoir “travaillé dans la proximité du Président Bouteflika pendant près de vingt ans”, précisant que “nos conversations au cours de ces rencontres sont et demeureront du domaine du privé”.
S’agissant des marches pacifiques organisées à travers le territoire national, il a indiqué avoir “admiré le civisme, la responsabilité et le plus souvent la bonne humeur qui ont caractérisé le comportement de mes compatriotes de toutes les générations et dans toutes les wilayas”.
Il a en outre salué le “professionnalisme admirable” des forces de sécurité et à “la confiance qui s’est vite établie entre elles et la quasi-totalité des manifestants”.
Par ailleurs, M. Brahimi a précisé qu’il est “retraité certes, mais pas inactif”, soulignant qu’il doit assister, notamment dans le cadre de deux Organisations internationales indépendantes auxquelles il appartient à des visites et des réunions prévues de longue date.
“Mes collègues au sein de ces organisations comprennent parfaitement que je puisse vouloir, à un moment ou un autre au cours des semaines et des mois qui viennent, retourner dans mon pays”, a-t-il ajouté.
“Je n’aurai besoin de la permission de personne pour le faire, la décision de me mettre en retrait ou de m’impliquer, prendre la parole ou de me taire, ne dépendra jamais que de la seule considération qui m’a toujours animé, celle d’apporter une contribution, aussi modeste soit-elle, aux côtés des forces constructives qui œuvrent pour le bien de mon pays”, a conclu M. Brahimi.